Les pressoirs tournent sous une cathédrale de tubes et de plastique
Dans la région, tout le monde a encore en mémoire le spectaculaire incendie qui, au matin du 24 mai a ravagé et détruit l’ancien battoir de Cottens acheté en 1966 par la famille Cruchon. Ce lundi, alors que les vendanges ont commencé et que les nouveaux pressoirs tournent à l’abri d’une impressionnante structure recouvrant le squelette du bâtiment incendié, nous avons rencontré Raoul Cruchon qui a bien voulu faire le point sur la situation.
La dalle épaisse a résisté
«Le 24 mai au matin, j’étais à notre caveau d’Echichens pour organiser la journée de mise en bouteille programmée ce jour-là. Un coup de téléphone m’a informé du sinistre en cours. Tout de suite j’ai été dans l’action! Après dégagement des décombres (24 bennes de 40m3) et analyse de la situation, nous avons constaté que le site de réception avec ses deux pressoirs ainsi que tout ce qui était stocké au premier étage était irrémédiablement perdu, chaîne d’embouteillage, stock de vin en bouteille, chais de barriques des rouges et beaucoup de petit matériel. Par chance, la dalle épaisse coulée sur le plancher du premier étage avait résisté et protégé le 80% de notre volume d’encavage. Après dégustations, nous avons constaté, avec soulagement, que nos vins n’avaient pas été altérés par le sinistre. On a donc procédé à la mise en bouteilles, sans pose des étiquettes, en faisant appel à une entreprise d’embouteillage. Ce sont 45’000 bouteilles qui ont été stockées dans un dépôt à Vufflens le Château. Elles ont dû être reprises pour l’étiquetage. Une importante charge de travail supplémentaire dont s’est chargée ma fille Catherine.»
Un toit provisoire
«L’échéance des prochaines vendanges se situant dans un peu plus de trois mois, je me suis tout de suite concentré sur la pose d’un toit provisoire protégeant l’entier du bâtiment pour éviter des dégradations supplémentaires et la rapide remise en état des locaux inférieurs pollués par la fumée. A suivi l’élaboration des plans de reconstruction et surtout l’acquisition du nouveau matériel dont la livraison devait intervenir à mi-septembre! Mais la canicule a bouleversé cette planification et on a dû raccourcir ce délai. Les pressoirs ont été fini d’installer, de manière provisoire, le jeudi 8 septembre à midi et la première livraison de raisin blanc a été réceptionnée à 13h de ce même jour!»
Comme avant l’incendie, les jus peuvent être stocké dans les installations qui ont échappé au sinistre. Il n’en est pas de même pour les barriques destinées à recevoir les vins rouges! Grâce à la solidarité qui s’est manifestée dès le jour du sinistre, ces barriques seront hébergées dans le chai d’une exploitation voisine.
Pour terminer, Raoul Cruchon explique: «Si le travail du pressoir avec du matériel ultra-moderne se fait en mode camping, le travail de cave ne sera pas perturbé! Dès la fin des vendanges, ce matériel sera évacué pour libérer l’espace. La démolition de certains éléments, puis les travaux de maçonnerie devraient démarrer en novembre pour se finir à Noël. De mi-janvier à fin mars, ce sera la reconstruction en bois du bâtiment. Suivra la mise en place de l’installation d’embouteillage pour démarrer de suite la mise en bouteilles de la récolte 2022. Nous sommes huit Cruchon dans l’entreprise! Tous unis, nous avons pu nous épauler pour résister à ce coup du sort! Quand tout cela sera derrière nous, on organisera une grande fête pour remercier celles et ceux qui nous ont soutenu!»
Arnold Grandjean