«75 kilomètres de natation ? Un défi incroyable… Et après ? »
MORGES 16 juillet 2021, après six mois de préparation et d’entraînement, il enfile sa combinaison et entre dans l’eau du côté du Château de Chillon dans l’intention de rejoindre les Bains des Pâquis, à Genève. Son objectif est de nager les 75 kilomètres en moins de 24 heures! «Âgé d’une dizaine d’années, j’avais déclaré à mon papa qu’un jour je traverserai ce lac. Je l’ai réalisé trois fois en largeur. Mais, l’été passé, il s’agissait d’une autre aventure», explique Noam Yaron. «Enfant, j’ai commencé par pratiquer le judo. À la suite d’une blessure, un médecin m’a alors suggéré la natation. Et j’y ai tout de suite pris goût.»
En 2020, à cause de la pandémie et des piscines fermées, il a poursuivi la pratique de son sport en nageant en eau libre. En découvrant tous les déchets qui traînaient ici et là, il s’est convaincu qu’il fallait faire quelque chose. Défendre une cause écologique en l’alliant à une performance sportive par une traversée du lac prenait tout son sens. Il a alors contacté l’Association pour la Sauvegarde du Léman pour leur faire part de ce projet intitulé L’Odyssée du Léman.
Cette aventure n’a pas été de tout repos à cause des nombreux débris au large de Thonon, là où la Dranse se jette dans le lac, des conditions météo difficiles, des vagues, du froid (une eau à 12° sur les dernières six heures), du bateau accompagnateur dérivant et «perdant» le nageur pendant une vingtaine de minutes qui paraissent une éternité à Noam.
Vingt heures dans l‘eau
Des idées d’abandon lui sont suggérées, mais l’obstination du nageur l’emporte. 19h57 minutes après son entrée dans l’eau, avec des séquences de 1h30 où il alterne crawl, nage sur le dos et brève pause pour se sustenter sans monter sur le bateau, il atteint Genève, un véritable exploit au bout d’efforts dingues. «C’est un truc de fou, le challenge le plus dur de ma vie de sportif, une traversée inoubliable.»
À part ne ressentir plus de sensations dans les mains et une tétanie musculaire générale peu après son arrivée, Noam n’a pas souffert de séquelles physiques les jours suivant ce défi. Par contre, beaucoup de retours au niveau des médias, un énorme engagement de tous les bénévoles ayant accompagné et préparé cette odyssée, «mais, vu l’ampleur prise par cet évènement, j’ai mis pas mal de temps à redescendre sur terre», avoue-t-il dans un sourire.
Né à Morges, il a résidé à Tolochenaz, à St-Saphorin sur Morges, puis dans le chef-lieu du district.
À l’âge de trois ans, en plein hiver, il se souvient avec précision avoir glissé puis être tombé dans le lac en voulant aller jouer avec des canards. Cet incident est peut-être à l’origine de son amour pour le milieu aquatique.
Tout rêve est réalisable
Après sa scolarité obligatoire, il a effectué des études en math-physique au Gymnase de Morges. Mais, peu attiré par une carrière scientifique, il a pris une année sabbatique. Il a «découvert» Youtube et a créé des vidéos sur ce support. «J’ai vite été remarqué par des marques et entreprises qui ont décelé en moi un potentiel pour des collaborations futures.»
Il a effectué ensuite des études en communication, marketing et relations publiques, domaines constituant ses activités professionnelles actuelles.
Son amie, la famille, l’entourage, la gestion d’un agenda fort rempli et un bon sommeil constituent ses priorités essentielles.
Ses hobbys sont axés sur la pratique du sport et la vision de contenus sur Internet, de séries et de films pouvant l’inspirer. Ses rêves le conduisent du côté des USA dans l’espoir d’entamer une carrière d’acteur, fonction qu’il a déjà remplie en 2018 à Los Angeles avant d’avoir été freiné par les restrictions sanitaires liées au Covid!
La détermination, l’endurance, l’ambition, une organisation «au poil» et l’envie de se dépasser le caractérisent. Sensible aux rencontres et aux événements qui peuvent se produire, il se déclare totalement épanoui dans son parcours. Sa philosophie de vie tient dans cette formule: «Avec du travail, tout rêve est réalisable!» ■
Claude-Alain Monnard