Le 1er novembre 2019, à 19h30, il était sur son tapis de course, regardant le Télé-journal. Le téléphone a sonné, la nouvelle est tombée: «Nous avons des poumons pour vous!» «À ce moment-là, j’ai cru que j’allais verser, je ne savais plus ce qui se passait! Une heure après, je suis arrivé au CHUV: on m’a examiné afin d’être sûr que tout soit compatible, d’où une certaine angoisse. Puis, à minuit j’ai rejoint le bloc pour une greffe bipulmonaire, sans laquelle c’était le cimetière», déclare Sylvain Hari.

En rémission jusqu’à l’âge de 45 ans

Vers l’âge de 5 ans, il a souffert de grosses crises d’asthme foudroyantes accompagnées par des allergies difficiles à soigner. «Je gonflais, j’avais énormément de peine à respirer.»

À l’adolescence, après de gros traitements de désensibilisation, Sylvain, hyperactif dans l’âme, a eu du répit, lui permettant de «vivre» et de passer ce cap de la jeunesse. «J’ai eu une rémission jusqu’à l’âge de 45 ans, moment où un emphysème s’est déclaré avec une force pas possible.» L’emphysème? C’est la dégénérescence des alvéoles pulmonaires. En moins de cinq ans, il est passé de 97% de capacité pulmonaire à 22% au moment de son opération. «Etant sportif, je n’ai pas suivi d’oxygénothérapie, car je ne manquais pas d’oxygène, mais mes capacités pulmonaires ne pouvaient pas faire correctement le «mélange» gazeux. Je manquais de souffle, donc je me promenais toujours avec un petit broncho-dilatateur et je gérais comme ça, cahin-caha.» La seule solution envisageable restait la greffe: c’est tout un «binz», pour reprendre les propos de Sylvain. «Avant d’être greffé, on subit une série de tests et d’examens médicaux. Une fois positionné dans la liste d’attente, il faut faire preuve de patience.»

Résidant alors à Lausanne «dans un petit studio lugubre et dans un cadre impersonnel», Sylvain avait un moral plus que chancelant. «Mon médecin généraliste m’a récupéré et, grâce à son suivi et au dialogue, je me suis maintenu. Ce qui a été lumineux, c’est de pouvoir arriver ici à Cossonay en 2018: la délivrance, un appartement spacieux, des voisins sympas, un côté social super. Merci à la Commune!»

Il a voulu marcher le plus vite possible

Après la transplantation, il a voulu marcher le plus vite possible. Les physios le poussaient, ce qui lui convenait bien, vu sa motivation d’aller de l’avant tout en sachant que le pire pouvait se produire. «Mais j’étais finalement dans l’acceptation. Jeune, je me suis mis en danger. Depuis, j’ai appris à sentir mon corps, à m’entraîner sans faire d’excès et sans partir dans l’euphorie.»

Au fil du temps, à force de motivation, de volonté, de moments difficiles, il a remonté la pente et il s’est inscrit au fitness de Cossonay. «Des débuts compliqués physiquement pendant trois mois, mais Mahdia, collaboratrice au sein du fitness, m’a concocté un programme super! Dans ce contexte familial, je me suis tout de suite senti à l’aise.»

Ambassadeur de Swisstransplant

Pour «renaître», l’entourage s’avère généralement déterminant. Paradoxalement, Sylvain se décrit comme un personnage au caractère très solitaire, sans être pour autant antisocial. Quand sa pathologie s’est déclarée de manière sévère, sans rien dire à personne, il est parti dans le Sud de la France suivre une formation dans le multimédia qui lui a servi d’alibi car il n’avait pas le cœur d’évoquer ce qui lui arrivait. «Même maintenant, j’ai beaucoup de mal à le dire! Se maintenir dans la pathologie, en parler sans cesse, c’est parfois se mentir et jouer un rôle», explique celui qui a néanmoins accepté de paraître dans les colonnes du Journal de la région de Cossonay afin de sensibiliser la population à la thématique du don d’organes et de la transplantation et, par un témoignage, enrichir les interventions publiques de Swisstransplant.

Il sera aux JO des transplantés en 2023

Il fait partie de l’équipe nationale suisse des athlètes dits «ambassadeurs de Swisstransplant» et, à cet effet, il participera aux Jeux mondiaux de la transplantation 2023 à Perth, en Australie. Depuis plus de 40 ans, la World Transplant Games Federation organise des événements sportifs internationaux. À travers ses diverses initiatives, elle vise à souligner l’importance de l’activité physique et d’un mode de vie sain dans la gestion à long terme et le bien-être des greffés.

Ainsi, dans sa préparation, Sylvain s’astreint quotidiennement et avec plaisir à des séances régulières au fitness, à la piscine de Cossonay et dans la région, qu’il sillonne en marchant ou en courant. En septembre dernier, il a participé aux 10 km de Lausanne et, en 2022, il compte doubler la distance.

Le don d’organe, un geste très puissant

Sylvain évoque enfin la personne qui lui a donné ses poumons. «J’y pense tous les jours, conscient du lien que j’ai avec elle. Son organe est en moi maintenant. J’ai écrit un courrier à la famille du donneur que je ne connais pas et qui, après avoir perdu un être cher, a permis à un autre de survivre. Ce geste, que j’assimile bien, s’avère très puissant.»

Claude-Alain Monnard

Légende photo : Sylvain Hari avec Mahdia Saner, sa coach au New Athletic Fitness de Cossonay, qui lui a concocté un programme d’entraînement lorsqu’il a débarqué à la première heure le jour de la réouverture des fitness après
le semi-confinement

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