AVENTURE – AVEC MORGANE, JEAN-DAVID L’HOSTE-LENHERR ET MIRABELLE, LEUR FILLE DE 15 MOIS

L’an passé, ils se sont produits à six reprises au Festival des Granges, à La Chaux, présentant «Roulé Boulé», un spectacle qu’ils ont transporté à travers la Suisse sur deux roues.

Leur tournée achevée, ils ont mis le cap sur l’Italie en septembre. Ils? Morgane et Jean-David L’Hoste-Lenherr, les initiateurs du Théâtre Circulaire (www.theatrecirculaire.ch), compagnie créée en 2019. Durant leur périple à vélo, ils emmènent leur fillette Mirabelle (15 mois). Le trio est arrivé en Turquie à mi-mai et nous a transmis de leurs nouvelles afin de renseigner les lectrices et lecteurs du Journal de la Région de Cossonay intéressé(e)s par cette aventure…

Leur spectacle a dû évoluer

L’automne passé, après 2’500km à vélo et 21 répliques de leur spectacle, ils ont dû déposer leur matériel à Naples à cause de la pandémie et sont rentrés en Suisse. En février, la situation dans la péninsule se stabilisant la moindre, ils sont retournés en train dans la cité napolitaine, impatients de reprendre la route. «Le lendemain de notre arrivée, Naples repassait en zone rouge. Mais cette fois, pas question de rentrer. Le Covid fait partie de notre voyage, on l’a apprivoisé et on a décidé d’avancer malgré tout.»

Cependant, des questions ont surgi par rapport au projet initial «Roulé-Boulé», interpellant Morgane et Jean-David au sens à donner à la suite de leur voyage. «Trait d’union» a donc pris forme petit à petit, mais il n’est pas encore un spectacle, plutôt une sorte de recherche artistique sur les thèmes de «Comment vivre et s’adapter dans ce monde en pleine mutation? Quelles valeurs transmettre pour quel avenir?». D’où leur décision d’interviewer sur ces questions des gens de passage au gré des haltes et de rejoindre en pédalant des lieux marqués par le changement climatique.

«On écrit nos rencontres, nos réflexions et nos doutes dans des lettres destinées à Mirabelle dont elle en prendra connaissance plus tard.»

En Italie, le trio a «vadrouillé» de long en large avec plaisir. «On a pédalé dans la poussière de l’Etna, vu le volcan en éruption et assisté à des pluies de cendres. La Sicile s’est avérée riche en rencontres: des jeunes expliquant leur avenir difficile sur cette île, mais aussi des vaches, veaux et taureaux tourniquant autour de notre tente!» Puis, ils ont embarqué sur un bateau à Brindisi pour l’Albanie. Premiers pas vers l’Orient. Ici, le Covid leur a semblé surtout «théorie» vu l’ouverture des restaurants et des bars et d’une minorité de gens masqués. Mais l’accueil fut génial et les paysages impressionnants. Au Monténégro, l’ambiance a été plus «fraîche» et ils ont eu l’obligation de passer un test PCR avant d’entrer en Bulgarie. «Dans ce pays, des personnes chaleureuses nous ont hébergés sans crainte. En plus, comme le masque n’était obligatoire qu’à l’intérieur des espaces publics, retrouver le visage et le sourire des habitants a changé la vision des choses.»

À Edirne, première ville turque rencontrée le jour de la fin du lockdown, un couple de sexagénaires les a accueillis et les a priés de rester au minimum trois jours afin de pouvoir visiter le coin. «Ils ont joué aux guides, nous ont cuisiné des spécialités et offert plein de cadeaux. On a été stupéfaits de retrouver cette hospitalité turque. Accorder autant de temps et d’attention à des étrangers serait inimaginable chez nous.»

«Une bulle d’oxygène»

Ensuite, le trio a roulé en direction de la mer de Marmara où Mirabelle a joué avec joie avec les coquillages trouvés sur la plage. «Voyager comme ça avec une petite, compliqué?», ont-ils entendu à maintes reprises. Eh bien non, effectuer un tel périple en famille ouvre des portes!

Morgane et Jean-David ont trouvé un rythme agréable avec leur fille: rouler deux ou trois heures le matin, idem l’après-midi après avoir fait une longue pause de midi.

De manière générale, la charrette de Mirabelle constitue le seul endroit où la fillette reste calme, sans bouger dans tous les sens! «Elle regarde le paysage, écoute les enregistrements d’histoires et de chansons réalisés par ses grands-parents.» Et puis, maintenant, dès qu’elle voit un autre enfant, elle a envie de le serrer dans ses bras. «Mirabelle reçoit souvent des friandises que nous devons parfois intercepter en douce afin qu’elle ne s’empiffre pas trop!»

En voyageant ainsi, le duo perçoit finalement que chaque «problème» a une solution et qu’il n’y a pas (trop) besoin de se prendre la tête. «Et surtout, en nous voyant avec Mirabelle, des gens nous ont dit qu’on représentait une sorte de bulle d’oxygène dans leur quotidien: la vie continue malgré la pandémie.»

Claude-Alain Monnard

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