C’est l’histoire d’une renaissance. Celle du «Stimulant», un apéritif créé à Morges au 19e siècle et dont la production a cessé en 1980. Cette résurrection est due à l’œnologue d’Echichens, Raoul Cruchon, associé à Carine Bosson, spécialiste de la commercialisation de boissons et de Martin Wagner, un ancien apprenti de Raoul. Ils viennent de lancer la commercialisation de son successeur «Le Stim’»!
En 1860 à Morges, Emmanuel Gamboni, venu du Val Calanca dans les Grisons, s’associe avec Joseph Salina, venu lui du Piémont, pour fonder une distillerie. Reprenant une tradition piémontaise, ils créent un apéritif à la quinquina, 100% naturel. Dans de l’alcool de bouche, selon une recette tenue secrète, ils ont fait macérer diverses plantes, fruits et racines avec de l’écorce de quinquina. À la fin du procédé, arrivait l’apport du vin (80% du volume). À cette époque, c’était du vin rouge importé d’Espagne ou de Grèce.
Basé sur la recette originale
En 1899, Henri Salina, de retour d’un séjour en Argentine, reprend la distillerie, apporte quelques touches exotiques à la recette et le nomme: «Le Stimulant». Le succès commercial est immédiat, principalement en Suisse romande. À l’apogée de son succès il s’en buvait environ 1’000 litres par jour! La production annuelle a même atteint 400’000 litres…
La belle histoire de la renaissance du «Stimulant» démarre lorsque Christian Schwab, un ami morgien de Raoul Cruchon, lui fait déguster une bouteille de Stimulant oubliée dans une cave. Après plusieurs dégustations, les émotions ressenties en découvrant plein d’arômes intéressants conservés malgré les 40 ans passés dans une armoire, il décide de redonner vie à ce breuvage riche d’histoire. Avec ses deux associés, ils fondent la «Sàrl Le Stimulant» et obtiennent une licence exclusive de fabrication auprès de la famille Salina. Celle-ci avait gardé tous les documents relatifs à cette aventure. Livres de cave, affiches et plaques publicitaires et surtout, un trésor indispensable: la recette des ingrédients avec les dosages pour retrouver les saveurs originales.
Confiant dans son entreprise, le trio a alors lancé une petite production conforme à la recette originale.
Au fil des dégustations, ils ont apporté des modifications pour adapter leur apéritif au goût des consommateurs d’aujourd’hui. «Le consommateur d’aujourd’hui recherche la clarté et la lumière qui lui inspirent la légèreté et la fête», confie Carine Bosson. «Dans ce but, nous avons testé divers cépages et finalement, c’est le chasselas qui s’est imposé, avec une dose d’un assemblage de Gamay-Gamaret pour apporter une note colorée et festive. De plus, le chasselas a la capacité de s’effacer pour laisser la place à la personnalité du stimulant», affirme Raoul Cruchon.
Séduisante couleur rubis
Restait à choisir la bouteille et l’étiquette. «Apprenant qu’il est aujourd’hui interdit de donner à un alcool un nom suggérant qu’il pourrait être bon pour la santé, nous avons dû faire travailler nos méninges! «Stim’» a été proposé. Court et dynamique, il nous a tous séduits!»
D’une contenance de 75 cl. la bouteille est de forme agréable. Sa transparence nous dévoile un liquide d’une séduisante couleur rubis. Très sobre, l’étiquette elle aussi accroche le regard. Carine Bosson a déjà contacté un grand nombre de professionnels, barman, commerçants, etc. «J’ai obtenu de très bon retours avec des commentaires flatteurs. Des commerces proposent déjà «Le Stim‘» dans leur assortiment et d’autres vont suivre, également dans la grande distribution!»
15’000 flacons ont déjà été élaborés et mis en bouteilles à Cottens.
Pour finir, disons, que «Le Stim’» c’est: 80% de vin d’ici, de l’alcool pur à 94° dans lequel ont macérés: de l’écorce de quinquina rouge, des écorces d’agrumes, des plantes aromatiques, du genièvre, des fèves de café et de chocolat torréfiées. Mais aussi du pur sucre suisse et des jus de fruits pour au final un apéritif titrant environ 17% d’alcool. Il s’en dégage une explosion de saveurs diverses à découvrir aussi (avec modération) dans ses déclinaisons cocktails. Plus d’informations et des recettes sur: www.lestim.ch.
Arnold Grandjean