MORGES – PROJETÉE EN 1995 PUIS ENTERRÉE PAR SOUCI D’ÉCONOMIE, LA SALLE DE GYM DOUBLE EST ENVISAGÉE EN 2023
«Construire des salles de sport, ce sont des milliers de mètres cubes nécessitant des surfaces foncières très importantes et pas faciles à trouver.» La déclaration est de Cesla Amarelle, cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, mais le constat n’est pas nouveau. Le Canton manque cruellement d’infrastructures de ce type dans le domaine de la formation postobligatoire. Le déficit est de huit salles de gym pour les gymnases vaudois, et de vingt-deux pour les écoles professionnelles.
Le projet ressort du placard
La chance, à Marcelin, c’est qu’il y a de quoi édifier un nouveau complexe. En 1995, lors du concours d’architecture organisé pour implanter le Gymnase et le Centre d’enseignement professionnel de Morges, le programme initial comprenait l’édification d’une salle de sport triple, et d’une seconde, double. Baptisé Sabot de Vénus, le projet lauréat portait alors la patte de Geninasca-Delefortrie Architectes. Seulement voilà: le deuxième équipement n’a jamais vu le jour, sacrifié sur l’autel de l’opération Orchidée, ces mesures d’économie décidées à la fin des années 1990.
Plus de deux décennies plus tard, il ressort du placard afin de «redonner au sport sa juste place dans le cursus de formation postobligatoire », souligne Cesla Amarelle. Pour lui permettre de se concrétiser, il a toutefois fallu revoir la copie. Ne serait-ce que parce que l’ensemble a évolué au gré des besoins et de la croissance démographique. Et il n’est plus question d’imaginer la salle de gym double à l’emplacement de l’ancienne menuiserie, désormais classée.
Le futur bâtiment se dressera au centre de Marcelin en lieu et place du vieil internat, voué à la démolition. «Entre l’idée initiale et ce qu’on vous présente aujourd’hui, il y a eu une forte évolution du dossier puisqu’on va déstructurer et reconstruire sur le site», souligne Pascal Broulis, ministre chargé des constructions de l’Etat, hier, à l’heure de dévoiler les résultats du concours d’architecture et d’ingénierie. Une procédure dont le programme portait sur la réalisation d’un ouvrage d’une surface totale d’environ 2000 m2, comprenant notamment une salle double de 900 m2, des gradins pouvant accueillir 200 spectateurs, et une salle polyvalente de 200 m2, pour une enveloppe de 10,7 millions de francs.
Une vaste esplanade en plan incliné
Au final, c’est la version 2021 du Sabot de Vénus, fruit du travail du bureau jurassien Comamala Ismail Architectes, qui verra le jour d’ici à fin 2023. Un projet, sélectionné par le jury parmi vingt-sept dossiers, que ses concepteurs ont baptisé en référence au travail de leurs prédécesseurs. Un nom qui évoque aussi malicieusement une variété d’orchidées, comme les fameuses économies qui avaient privé Marcelin d’une partie de ses infrastructures à l’époque. «Nous avons décidé de rendre hommage à ce qui a été fait depuis le début», souligne l’architecte Toufik Ismail.
Le résultat, c’est «une vaste esplanade en plan incliné, qui relie les différents niveaux dans la continuité, permettant une grande fluidité des parcours piétonniers, détaille le Canton. Elle est flanquée de deux patios qui dialoguent avec le jardin voisin et se prolonge à l’Est par un volume émergeant à la géométrie simple et basse. Véritable pivot entre les constructions historiques et celles plus récentes, le nouveau bâtiment délimite clairement les espaces extérieurs.»
« Garder l’âme du site »
«L’idée, c’est de garder l’âme du site», insiste Pascal Broulis. Avec ce projet, l’Etat de Vaud entend doter Marcelin d’un «espace commun et polyvalent» en son coeur, un trait d’union qui permettra d’harmoniser l’ensemble.
CAROLINE GEBHARD /LA CÔTE.CH
La mue n’est pas terminée
La métamorphose de Marcelin est loin d’être terminée car le lieu va continuer à évoluer. D’ici quelques années, l’école d’agriculture ainsi que l’administration de la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires quitteront Morges pour s’installer à Moudon. Libérés, les locaux d’Agrilogie reviendront alors au postobligatoire. Une mue qui pose notamment des questions en termes de mobilité. «Nous devons réfléchir à la façon de bouger sur ce site. Nous devons préparer le futur pour l’ensemble», note Pascal Broulis