Sur les planches d’un théâtre, face à des salles combles éclatant de rire, Sylvie Berney-Grobéty et Sylvie Galuppo se sentent dans leur élément. Depuis une vingtaine d’années, elles sillonnent le canton de Vaud pour animer des soirées et donner des spectacles. Elles bouillonnent d’idées, leur sens de l’improvisation est aiguisé tout comme leur capacité d’observer les gens, de mettre en évidence leurs travers, leurs expressions et leurs bons mots. En plus, les Sissi’s ne se prennent pas au sérieux, préférant la dérision à la gravité, ce qui ne les empêche pas d’aborder dans leurs sketchs des sujets importants. Le 28 septembre 2019, elles étaient intervenues lors du spectacle des 120 ans du Journal de la Région de Cossonay au Théâtre du Pré-aux-Moines à Cossonay. À cette occasion, elles avaient brocardé le Journal et son réd’en chef, évoqué des situations cocasses et c’était un régal de suivre leur show des les coulisses.

À ce propos, les deux irrésistibles commères vont revenir sur cette même scène le dimanche 14 novembre prochain à 17h. Et pour ces retrouvailles, la salle est déjà bientôt complète dix mois à l’avance (il ne reste plus que quelques plaçounettes, alors grouillez-vous!).

Mais, au-delà de leurs personnages de scène, qui sont ces artistes?

Du rap de la Venoge…

Résidant à La Sarraz, les deux Sylvie se connaissent depuis une «sacrée paie», comme diraient les Vaudois. Toutes deux travaillent au sein de la Fondation Mode d’emploi qui se bat contre l’exclusion professionnelle et sociale. Assez tôt, les planches les fascinent, elles suivent des cours d’improvisation et elles se produisent dans des spectacles écrits par le Morgien Jean-Pierre Martin, dit «Tintin». Puis, elles se mettent elles-mêmes à l’écriture et, en 2011, elles jouent leur propre spectacle à Penthaz, sous le nom des Sissi’s. À chaque représentation, en fonction du lieu, elles adaptent leurs sketchs, répliques et situations pour parler des gens du cru. Elles reprennent, entre autres, une Venoge de Gilles en rap, sans oublier les évocations du coup de blanc, de l’apéro au bistrot, des maris qu’on ne supporte plus, de ces feniasses qui batoillent à longueur de journée et critiquent les voisins, des pèdzes qui rentrent à point d’heure, ou de la mise en pratique de la recette des cerises au kirsch qui se finit dans un puissant délire.

… à l’opération Câlin postal

Mais, ces cerises au kirsch, c’est aussi une opération de soutien: 300 bocaux confectionnés par une dizaine d’humoristes et vendus en faveur de l’association Patouch qui lutte contre les harcèlements et violences envers les enfants. «C’est aussi du bonheur en bocal, une incroyable histoire pour nous!», concèdent-elles.

Au début de la pandémie, ainsi que durant la période des Fêtes, elles ont créé, avec l’aide de l’animateur radio Jean-Marc Richard, un pont intergénérationnel pour apporter du réconfort et des sourires. L’équipe a motivé des enfants, des classes, des ados afin qu’ils écrivent et envoient des lettres personnalisées, des dessins, des photos à des aînés esseulés ou résidant en institutions et EMS dans le cadre de l’opération Câlin postal qui a connu un grand succès.

Et puis, le 3 janvier 2020, sur Facebook, elles écrivaient que «dediou, une dingue année s’emmode ! Barjaquez avec ceux que vous aimez bien, ayez la riguenatze facile, ruppez en bonne compagnie, glandouillez un chouilla pour vous requinquer et n’oubliez pas d’être heureux… Alors à la revoyure et surtout Santé!» Une trentaine de dates étaient agendées quand, patatras, tout s’est effondré à cause du satané cousin Covid.

Et demain, de quoi sera-t-il fait ? Les deux Sylvie se voient bien continuer à mener de front leur trajectoire familiale, professionnelle et artistique. Souhaitons donc qu’on puisse bientôt retourner applaudir des artistes sur scène et, parmi eux, ces deux batoilleuses égratignant avec humour, tendresse et un accent vaudois à couper au couteau, nos travers, tics et qualités!

Claude-Alain Monnard

Quelques questions express aux Sis-si’s pour terminer…

Donnez-nous un souvenir d’enfance :
Sylvie Galuppo (SG): L’écoute des pièces radiophoniques. Les revues que mon papa écrivait et organisait pour des collègues de travail.
Sylvie Berney (SB): À 5 ans, ma première apparition sur les planches d’un théâtre lors d’une soirée du Chœur mixte: je devais sortir d’un gâteau de mariée et je tremblais de trouille.

Des hobbys
SG: Bricoler, marcher, écouter de la musique
SB: Etre le plus possible dans la sociabilisation et rester en connexion avec les amis. La forêt pour me ressourcer

L’important pour toi
SG: Avoir le sourire et du plaisir dans ce qu’on fait, même en passant l’aspi!
SB: Rire dans la journée afin d’essayer d’alléger le quotidien

Une phrase
SG: Avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue (Oscar Wilde)
SB: La vie n’est que le reflet des couleurs que tu lui donnes (L’Abbé Pierre)

Des humoristes
SG: François Silvant, Jacqueline Maillan
SB: Silvant aussi et Jean Villard-Gilles

Un souvenir super de spectacle
SG – SB: Lors d’une Assemblée générale des Paysannes Vaudoises à Chamblon. Il y avait 700 nanas «aux anges» et 4/5 gaillards «dans leurs petits souliers»! On nous a réservé une standing ovation du tonnerre

Une expression vaudoise?
SG: Hou, c’te roille, faut qu’on s’mette à la chotte
SB: Ouais, on est beau vers l’œil

Qualités de l’autre Sissi
SG: Elle a mille idées à la minute… j’en suis baba
SB: Elle est drôle, bienveillante, organisée, à l’écoute et, sur scène, elle me fait rire comme une folle.

Un mot de consolation à nos lecteurs par rapport au Covid
SG-SB: Voyons le bon côté des choses. On batoille plus avec nos copines, mais on est au moins quitte qu’on redzipète sur notre compte. Cinq personnes maxi, ça a ses avantages: les tournées sont moins chères. Avec le masque, pas de soucis de poil au menton, et de salade coincée dans les dents. Cela dit, on pense aux bistros qui bossent plus trop, aux restaurants qui restent sur les rangs, aux boutiques qui boutiquent plus grand chose, aux ainés, aux jeunes, aux théââââtres, à celles et ceux qui se battent pour encore foutimasser quelque chose. Restons confiants, pour une fois, occupons nous des histoires des autres et serrons-nous les coudes pour pas baisser les bras!

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