Le peintre de Mont-la-Ville écrit une carte postale d’un endroit où il a posé son chevalet. Aujourd’hui, il est inspiré par le lac de Joux depuis Le Pont.
À Jaques,
Dans mon sac je glisse une trousse avec mes crayons, un carnet ainsi qu’une boîte d’aquarelle. Ça pèse sur le dos, surtout lorsqu’on est à vélo. Arrivé au Pont, je choisis un banc en pierre au bord du lac. Adossé à la Dent de Vaulion, je considère ce paysage. En guise de parasol, un arbre fluet m’abrite partiellement du soleil.
J’esquisse au crayon sur papier d’Arches les collines boisées, le contour des barques amarrées. Paresseuses, elles tanguent sur un hamac liquide. Invitation au voyage. À droite, Pégase prend son envol.
Comme sur un dessin de Moebius, la lumière tricote des fils colorés en multiples vaguelettes scintillantes. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Le pinceau salive à la recherche du bon ton et le regard se mouille sur la surface changeante du lac. Pour ne pas m’aider, un plafond de nuages glisse devant le soleil, modifiant la luminosité. La pelote s’emmêle alors, sans doutes poussée par le chat de Gaston Lagaffe. Une brise agite la surface ombragée du lac qui se tord, grimace, laissant apparaître une peinture de Bacon.
Saisir l’instant. Cet exercice me procure un grand bonheur. Je lutte avec les éléments. Mais c’est un jeu, un prétexte pour être ici au bord de l’eau. Le papier est mon tapis de méditation.
Gilles-Emmanuel
Contact Gilles-Emmanuel Fiaux
Site web: www.gef-art.ch
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