Durant la crise du Covid-19, certains restaurants ont choisi de faire du plat à l’emporter (menus à la carte, plats faits-maison ou même pizzas). Les intérêts sont variés car cela permet aux établissements de rester actif, bien qu’en effectif réduit la plupart du temps, en attendant les aides financières de l’État. Mais il y a aussi un aspect social qui entre en jeu…
Auberge Aux Deux Sapins à Montricher
À l’Auberge Aux Deux Sapins, à Montricher, la livraison n’est pas chose nouvelle. Les personnes âgés bénéficiaient déjà de ce service chaque semaine. «Durant la crise, ce système a été étendu pour tout le monde, explique Frédéric Simond, cuisinier et gérant de l’auberge: «Ce ne sont pas des conditions faciles pour travailler car on doit adapter notre carte selon ce qu’ont les fournisseurs en stock. Mais on est content du résultat.»
Et de poursuivre: «On réalise une vingtaine de plats par jour, avec une clientèle assez fluctuante. Avec la situation, tous n’osent pas passer commande et venir. Mais il y a des gens qui sont ravis de pouvoir venir prendre un menu tout prêt. Certes, on ne va pas compenser grandchose financièrement, ça permettra de remplir quelques bouts de factures au mieux. Mais on tient à offrir ce service. Jusqu’au 8 juin, on va le garder.»
Concernant la réouverture des restaurants, le cuisinier estime qu’il faudra être bien organisé pour coordonner cette reprise avec succès.
La Pomme d’Or à Apples
Du côté de La Pomme d’Or à Apples, le manque de commandes se fait ressentir. «Nous avons ouvert les commandes il y a quinze jours, raconte Antonio Pereira qui tient l’établissement. Il y a à peu près autant de commandes qu’en temps normal, mais sans la restauration sur place, c’est très compliqué pour s’en sortir. Les commandes à elles seules sont trop pauvres pour compenser le reste. Pour un restaurant dans un village comme le nôtre, la réouverture va être très importante. Il faut que ça reparte, sinon je ne sais pas comment on va faire.»
Le Surfplace à Penthalaz
Au Surfplace, à Penthalaz, Géraldine Simon s’organise au mieux pour alterner entre vie de famille et confections de burgers à l’emporter. «Je tenais évidemment à minimiser les risques de contagion comme tout le monde, alors travailler seule me semblait la bonne méthode. Il faut savoir s’adapter!»
Malgré la situation, cette maman de deux enfants ne fait pas de compromis sur ses préparations «Les commandes se font la veille, car je vais chercher des produits frais près de chez moi chaque jour. Et je vois que ça plait aux gens, notamment aux familles. Les parents sont contents de pouvoir souffler un coup quand il faut jongler entre le travail à distance, s’occuper des devoirs des enfants et leur trouver des occupations. Je les comprends totalement!».
Là aussi, le nombre de commandes évolue au fil du confinement: «La première semaine, j’ai pas mal travaillé, raconte-elle. Mais depuis Pâques, on sent que les gens se relâchent un peu et de plus en plus de restaurants propose les plats à l’emporter. Alors les réservations diminuent un peu de mon côté.»
Géraldine attend beaucoup des annonces qui doivent être faites par la Confédération à propos du déconfinement. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le détail de ces mesures nous sont encore inconnues. «Je suis prête à accueillir les gens, puisque j’avais déjà modifié la disposition des tables de la salle avant sa fermeture», explique Géraldine.
L’Auberge communale d’Eclépens
Enfin, l’Auberge communale d’Éclépens, dont les propriétaires Mireille Voegeli et Roger Vuffray venaient de reprendre l’établissement en février, ont réagi en transformant leur établissement en un véritable drive-in pour servir la quelque douzaine de plats différents proposés. «C’est beaucoup de travail, confie Mireille. Mais ça nous tient tant à coeur de pouvoir proposer ça aux gens alors on ne lâche rien. Actuellement, nous ne sommes que la moitié de l’équipe à travailler, c’est-à-dire quatre. Mais nous avons débuté ces commandes en étant que moi et Roger. J’aidais en cuisine, même si ce n’était pas du tout mon domaine.»
Un travail qui semble porter ses fruits puisque la moyenne de vingt commandes par jour au début du confinement n’a cessé de grimper. Mais pour Mireille, ce n’est pas ce qui compte le plus dans ces circonstances: «Le contact avec les gens, discuter avec eux et pouvoir leur faire plaisir, c’est là que se trouve l’essentiel, affirme-t-elle. On reçoit aussi des appels et des mails pour nous remercier et beaucoup de gens nous découvrent avec ce drive-in. Je trouve ces relations magnifiques.»
Un début étonnant mais fort pour cette nouvelle équipe qui réfléchit à l’idée de garder une partie des menus à l’emporter sur le long terme. Mais pour l’heure, le déconfinement et la réouverture du restaurant trotte dans la tête de chacun. «Plus que des craintes, c’est beaucoup de questions que nous nous posons, précise Mireille. Est-ce qu’on va pouvoir mettre en place toutes les mesures demandées, combien ça va coûter au restaurant, est-ce que les gens vont venir? Jusque-là, tous les frais ont dû être avancés de notre poche. Je pense qu’un déconfinement le 12 mai c’est trop tôt pour le canton le plus touché par l’épidémie. Mais on se tient prêt à toute éventualité.»
Guillaume Peter