«Filmer la nature, une passion et une source d’équilibre»

Le 17 mars dernier, il présentait Premières Loges, son septième film, au cinéma de Cossonay dans le cadre du Festival Aventure et Environnement. Un très gros travail réparti sur quatre ans, une œuvre magnifique primée au Festival International du Film Alpin des Diablerets et qu’il résume ainsi: «Arbres, cavités, chouettes».

Vincent Chabloz a débuté dans sa passion du cinéma en 1989 suite à deux événements: la vision d’un film de Samuel Monachon et sa rencontre avec Pierre Wegmüller, un naturaliste de Sévery avec qui il a ensuite sillonné le Jura durant dix ans, caméra au poing. «D’ailleurs, ce dernier m’a vendu ma première Bolex 16 mm», précise le réalisateur dans son atelier de tapissier décorateur morgien.

Vincent évoque ensuite le côté technique des prises de vue, les repérages indispensables à effectuer avant de tourner – aspect qu’il aime bien –, les scénettes qu’il capte ici et là dans divers endroits et au cours des saisons, son évolution personnelle. «Plus je filme et mieux je me sens. Mais ça me prend beaucoup de temps car je n’ai jamais suivi de cours dans une école de cinéma. Je suis un parfait autodidacte, ce qui me laisse une totale liberté. Je fais l’inverse de tout le monde: pour Premières loges, le montage était fini, mais nous ne savions pas encore quelle histoire raconter. C’est avec la collaboration de Vincent Delfosse, auteur d’un magnifique texte, que nous avons pu trouver le fil conducteur du film. Quand je leur explique ma démarche, les pros n’en reviennent pas, mais ça me va ainsi», assure-t-il, en riant un bon coup.

Il part souvent en solitaire pour capturer des images que la nature veut bien lui offrir afin d’être vraiment concentré sur le sujet. «Souvent les gens s’agglutinent dans des coins sans intérêt, ainsi je suis en paix», observe-t-il avec malice.

«La nature se débrouille»

L’acte de filmer traduit à la fois un sentiment égoïste et l’envie de partager avec la volonté de faire passer un message auprès du grand public. «La nature me montre aussi que si on la laisse tranquille, elle se débrouille bien toute seule. À long terme, je n’ai aucun souci pour elle, alors que pour nous…»

Il se dit aussi sidéré de voir à quel point l’être humain en général est déconnecté de la nature. «De plus en plus de personnes vivent dans une sorte de monde parallèle et, en même temps, on note une forme de retour aux sources très prononcé. Un paradoxe! Finalement, filmer la nature constitue presque une excuse pour sortir», souligne Vincent qui se décrit avec ironie comme «le Poulidor des festivals et concours auxquels j’ai participé vu que j’ai souvent remporté le second prix!»

Un faux timide

Il a grandi à Romanel-sur-Morges, une enfance remplie de jeux autour des fermes et dans la forêt. Il a adoré cette vie de village. À l’adolescence, aucun rêve, si ce n’est celui de finir l’école le plus vite possible. Il a aussi conscience de se situer un peu à l’écart. «À cette époque, parler de son intérêt pour la nature, c’était plutôt la honte. Les copains avaient le foot, les copines et le vélomoteur… pas pour moi. Sauf le boguet dont j’ai usé et abusé en sillonnant le Jura afin d’observer les oiseaux!»

La profession de tapissier-décorateur est venue un peu par «obligation morale», son papa étant du métier. Actuellement, il apprécie le job pour son côté manuel, le contact avec les gens et pour le fait de donner une seconde vie à des meubles. Laurent Willenegger, un de ses amis naturalistes, dit de lui qu’il est un faux timide, définition avec laquelle mon interlocuteur est d’accord. «Je ne suis pas un vrai sauvage, j’ai besoin d’être tranquille, indépendant et de faire ce que je veux. Et, en même temps, je suis content de pouvoir partager avec les autres, comme à Cossonay. Une équipe super, soit dit en passant!»

Entre le tournage des films et la profession, plus de temps libre pour autre chose. Alors, avec l’entourage, comment cela se passe-t-il? Mieux vaut avoir une compagne qui partage un peu le même intérêt.»

Vincent s’est équipé d’une caméra numérique à haute définition («une folie !» selon lui) mais dont il «raffole» car elle lui donne des images proches de ce que l’œil capte.

Les séquences de son huitième film sont en boîte et, pour la suite, il prend l’option de réaliser des œuvres avec davantage de respiration, une photographie plus cinématographique et un message plus fort. «Des films destinés en priorité pour le tout public et moins pour des gens déjà convaincus.»

Claude Alain Monnard

PROFIL EXPRESS

Un meuble ancien qui vous plaît
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La forêt de montagne
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Robert Hainard

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