Quatre mois sans pluie ou presque. Depuis la mi-juin, la région de Cossonay, à l’instar du reste du canton, connaît une longue période de sécheresse.

«Grosso modo, il manque la moitié des précipitations, qui auraient dû tomber à pareille période. Cette situation est particulière de par son étendue géographique puisqu’elle touche toutes les régions (Jura, Plateau et Alpes), analyse Philippe Hohl, chef de division du secteur des eaux à la Direction générale de l’environnement.

Le débit des cours d’eau est inférieur à la moyenne partout dans le canton. Cette sécheresse est exceptionnelle: on constate des débits aussi bas tous les 30 ans seulement.» Le débit de la Venoge est ainsi actuellement de l’ordre de 300 litres/seconde (mesure faite à Ecublens) alors qu’il s’élève, en temps normal en octobre, à 3’000 litres/secondes (dix fois plus).

Alimentation en eau assurée

Même si certaines sources sont taries, l’alimentation en eau potable est assurée sans difficulté majeure, quasiment partout dans le canton. «Cette situation particulière montre que le système actuel de connexions des réseaux fonctionne bien, relève Philippe Hohl. La solution est de faire appel aux réseaux de distribution alentour lorsque l’eau vient à manquer. Les nappes phréatiques se maintiennent bien et continuent à alimenter les cours d’eau en surface. Il ne faut pas oublier l’importante recharge de cet hiver en décembre et janvier. Les eaux souterraines ont une grosse inertie, les phénomènes s’observent sur des mois et années.»

Comment les communes de la région font-elles face à cette longue période de sécheresse, l’alimentation en eau potable étant de leur compétence? Cossonay, L’Isle, Montricher et les cinq communes de l’Association intercommunale des eaux du Mormont (AIEM) donnent quelques éléments de réponse:

COSSONAY
Alain Martin, fontainier, surveille avec attention le réseau craignant surtout que le froid et le gel surviennent sans qu’il y ait eu de nouvelles précipitations: «Le niveau des captages à Cossonay a bien baissé, de l’ordre de 10 litres/minutes de moins chaque semaine, mais on arrive toujours à restituer une part du captage à la Venoge.» Municipal à Cossonay, Claude Moinat souligne: «Nous avons la chance d’avoir une grande réserve avec la nappe phréatique du Sépey.» La commune de Cossonay fermera les fontaines du 1er novembre jusqu’au début mars.

L’ISLE
La situation est un peu particulière puisque l’Isle a mis en fonction, cette année, un barrage dans les hauts de la commune. «L’objectif est que ce barrage fournisse à notre commune à moyen terme l’intégralité de son alimentation en eau. Actuellement nous sommes en pleine phase de test», explique Steve Baudat, municipal des eaux. «Il est pour l’heure difficile de savoir si ces essais tombent bien ou mal durant cette période de forte sécheresse. Il sera nécessaire d’attendre quelques années avant d’avoir un bilan significatif», ajoute l’élu. Ces derniers mois, le barrage n’a pas suffi à alimenter tout le village et L’Isle a dû faire appel en appoint aux réseaux de distribution de Cuarnens et Mont-la-Ville. La municipalité de l’Isle n’a pris jusqu’à récemment aucune mesure de restriction d’eau afin de mener la phase de test en situation réelle; elle vient toutefois de décider de fermer les fontaines.

MONTRICHER
«Face aux niveaux des captages qui diminuent, nous avons décidé de fermer les fontaines du village, explique Caroly Schopfer, municipal des routes, des eaux et des déchets à Montricher. Cette mesure permet de soulager le réseau. Nous sollicitons aussi davantage la nappe phréatique pour compenser la baisse des captages. La nappe phréatique se maintient bien; la situation n’est pas pire que l’an dernier.»

AIEM
L’Association intercommunale des eaux du Mormont (AIEM) gère l’alimentation en eau des communes de La Sarraz, Eclépens, Ferreyres, Pompaples et Orny. Comme un peu partout dans la région, les fontaines des cinq communes ont été fermées. «On n’a pas eu de soucis particulier, note Franco Cetrangolo, président de l’AIEM. On a la chance d’avoir une nappe phréatique importante à Eclépens.»

Selon Jean-Pierre Richoz, du bureau d’ingénieurs RWB, cette sécheresse ne devrait pas avoir de conséquence sur la nappe, qui va se recharger de janvier à avril 2019.

L’AIEM procédera dans six mois à une évaluation de cette période de sécheresse mais pour le moment, selon Jean-Pierre Richoz, la situation n’est pas pire que celle des dernières années. L’association s’attend à l’avenir à être confrontée plus fréquemment à de longues sécheresses. Cette problématique sera prise en compte dans la révision du plan directeur de la distribution de l’eau.

Laurence Künzi

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