Vendredi 21 septembre a eu lieu la première du spectacle joué sous chapiteau par les comédiennes et comédiens des Tréteaux de Cossonay.
Un lieu original et plein de charme: des tapis disposés au sol, quelques «œuvres d’art» accrochées aux décors amovibles, un plateau, une soixantaine de chaises disposées en arc-de-cercle et toutes occupées. Une ambiance feutrée rompue par les discussions des spectateurs attendant le début du spectacle quand, en catimini, un personnage à chapeau fait une entrée discrète, observe les gens, demande à certains comment ils vont, hausse un peu la voix car certains babils se poursuivent, puis informe que chacun pourra rallumer son portable au terme du spectacle, avant de philosopher sur la notion de perspective tout en recommandant de «rester groupé pour ne pas se perdre, car c’est ensemble qu’on va visiter ce musée!»
Un monde « fou »
Nous découvrons alors un conservateur terrorisé par des plantes vertes, des visiteurs allant dans tous les sens, des touristes étrangers incapables de prononcer correctement les noms des peintres ou sculpteurs, des œuvres d’art qui se «personnalisent», des gardiens avouant leur spleen, des pseudo connaisseurs, une «femme du monde» à la recherche des œuvres de Kandinsky, une voiture perdue au parking Rembrandt, une guide complètement déjantée, des provinciaux évoquant en vain les mots impressionnisme et baroque, des situations abracadabrantes, un mélange hilarant, du rythme: voilà une série d’éléments qui rendent cette pièce de Jean-Michel Ribes ébouriffante et que la troupe des Tréteaux de Cossonay a interprétée avec enthousiasme. «Se produire dans un tel contexte impose des contraintes
auxquelles nous avons dû beaucoup réfléchir, mais c’est enrichissant», précise le jeune metteur en scène Jonathan Diggelmann.
Alterner mammouth et art
L’exercice est réussi: se trouver tout près du plateau permet d’observer le regard, la gestuelle, le visage et la posture des comédiens, ce qui développe ainsi une sorte d’échange. Chacun interprète avec bonheur plusieurs personnages, les costumes et les accents divers sont en adéquation avec les rôles joués dans des situations cocasses: par exemple, selon le conservateur, grâce à leurs œuvres, les artistes rendent cette nature agressive supportable, ou pour les gardiens, voir des chefs-d’oeuvre à longueur de journée, «ça ronge», raison pour laquelle ils alternent une exposition de mammouths et une exposition d’art!
Encore trois représentations
Dans une interview, l’auteur explique que «dans cette histoire de musée, j’ai simplement voulu explorer ce lieu où se mêlent dans un ballet émouvant et absurde l’art et la vie, les mortels et les immortels.» Derrière cette façade humoristique, se cache aussi peut-être une critique plus profonde de nous-même. Alors entre ces personnages attachants, dingues, paumés et les musées, l’art ou la nature… qui va l’emporter?
Pour le savoir, venez assister à l’une des trois dernières représentations: ce soir samedi 29 septmebre à 20 h 30, ou dimanche 30 septembre à 17 h 30. Mais étant donné que les trois première représentations ont affiché complet, il est plus prudent de réserver au 077 466 55 95 de 09 h à 14 h ou par e-mail: reservations@lestreteauxdecossonay.ch.
Claude-Alain Monnard