Comme Xavier, la passion pour seule boussole
La chronique Montagne est parue pour la première fois le 14 juillet 2017 dans le Journal de la Région de Cossonay et nous voici déjà au 150e épisode! Vos retours laissent penser que vous l’appréciez. Merci de votre intérêt et de votre soutien! De mon côté, c’est avec plaisir que je tente de partager avec vous mon goût de la montagne et des sports permettant d’en jouir. Pour cet anniversaire, je tiens à vous présenter un autre passionné des hauteurs, à savoir Xavier Fernandes…
J’ai connu l’énergique Xavier Fernandes via la rubrique Montagne justement. C’était en août 2023 et, depuis, ce Portugais de 40 ans, basé à Troistorrents (VS), me fait partager ses belles découvertes. Son truc? Les randos alpines et les sommets de plus de 3000 m où il y a un peu d’engagement technique et toujours une solitude propice à la contemplation. Son topo-guide, consacré aux 100 plus beaux de ces 3000 valaisans, paru à compte d’auteur il y a deux ans s’est déjà écoulé 2150 exemplaires! (On le trouve sur le site @100sommets3000.ch en français, en anglais ou en allemand). Il faut dire que l’enthousiasme contagieux de Xavier fait des miracles. Voici son histoire et comment la montagne est venue la chambouler…
Coup de foudre en Valais en 2013
Il y a 12 ans, la découverte de l’univers de la montagne a été une révélation pour Xavier: «Là-haut, je me nourris de bonnes énergies; c’est une thérapie pour l’hyperactif que je suis. Et là-haut, avec mon épouse Patricia, je me sens serein, moi qui ai toujours souffert de problème de concentration», confie ce quadragénaire originaire de la station balnéaire de Figueira da Foz (Coimbra) que rien ne prédestinait à «tomber amoureux des montagnes et du Valais»…
«De mes 15 à mes 22 ans, Patricia et moi étions à fond dans la techno hardcore. La nuit était notre vie. On la vivait avec hédonisme dans l’excès parfois… Déjà, notre amour nous unissait. On enchainait les rave party sauvage et étrangement, ce sont elles qui nous ont conduit vers la montagne», explique cet ouvrier expert en travaux spéciaux. Son hobby de DJ le conduit à l’époque à animer des after. À ces occasions, il se retrouvait au petit matin à mixer en pleine nature. Là, il découvre un sentiment de plénitude qu’il commence à cultiver dans les modestes reliefs du parc national Peneda-Gerês.
En 2013, avec Patricia, il découvre les Pyrénées via sa fameuse Haute Route. Xavier s’aperçoit aussi à cette occasion qu’il a le vertige (une maladie dont il a trouvé l’antidote en Suisse). Il s’accroche et enchaine les randonnées en autonomie et les bivouacs. Pourquoi? Parce qu’il est porté par une question métaphysique: «Qu’y a-t-il de l’autre côté de ce sommet?»
La même année, le couple visite des amis à Collombey (VS). Et là, c’est la claque! Les montagnes les envoûtent, notamment lors de leur tour du Mont Blanc. Tous deux se disent: «On doit changer de vie pour être ici tout le temps, pa seulement quatre semaines par an!»
Peu après, Xavier laisse derrière lui sa prometteuse carrière de banquier et part avec son épouse s’installer en Suisse. Là, son envie de progresser séduit. Le trentenaire ne parle pas un mot de français, mais il regarde la RTS sous-titrée en portugais tous les jours et demande à ses interlocuteurs de le corriger. Ses progrès sont fulgurants; en montagne aussi.
Deux ans après son arrivée, il s’inscrit à la section locale du Club alpin suisse. Il s’y nourrit de l’expérience des autres avec respect et modestie. Il réussit à apprendre à skier en regardant des tutoriels Youtube et se met à la peau de phoque, discipline dans laquelle il descend désormais des pentes de 40°! Et, avec lui, la montagne a donc gagné un nouvel ambassadeur!
LAURENT GRABET