« Bien courir, c’est être heureux au quotidien »
Sur beaucoup de photos qu’on peut voir de lui ici et là, il y a presque une constante: le sourire sur son visage. Surtout quand il bat des records de Suisse de sa catégorie sur 100m ou 200m. En effet, le jeune de Gollion «déménage» sur une piste d’athlétisme puisqu’il collectionne les médailles et records, soit en tant qu’individuel, soit avec ses potes du relais 4x100m qui, en 2023, sont devenus champions d’Europe M20 à Jérusalem.
Quand il évoque ces moments, Jonathan Gou Gomez est «plein d’étoiles» dans les yeux. «Pour l’instant, c’est mon meilleur souvenir!» Avant la compét, la Suisse était deuxième au classement des performances derrière la Pologne. Lors des qualifs, le quatuor helvétique a couru dans l’excellent temps de 39’’62, le record national, et devant les Polonais. «En finale, on avait tous un feeling incroyable avec le but de vaincre. Ce qui s’est réalisé, bien que notre quatrième relayeur se soit blessé peu avant la course et a été contraint de déclarer forfait. Mais le remplaçant a parfaitement joué son rôle et notre objectif a été atteint», conclut celui qui avait commencé l’athlétisme à la société de gym de Penthalaz. Lors d’un concours, un entraîneur du Lausanne Sports le remarqua et lui proposa de participer à quelque entraînements au Stade Olympique de La Pontaise. «Je me suis rendu compte que j’adorais le sprint, discipline où je m’en sortais le mieux.» Les progrès ne se sont pas fait attendre et, en passant dans la catégorie des M18, il a pu accéder au «groupe de performance» du club qui a permis son éclosion.
Jonathan apprécie le côté individuel du sprint, mais l’aspect collectif du relais ou de l’entraînement en groupe le motive aussi. «Chacun se tire la bourre dans un souci de progression.» La notion de vitesse, il l’a depuis l’enfance et elle n’est peut-être pas là par hasard puisque son papa a fait partie de l’équipe nationale de foot de Cuba avant de venir en Suisse.
De son enfance, il évoque quelques anecdotes dont celle d’avoir aussi effectué du breakdance à un haut niveau ou celle de «se faire crier dessus par les monitrices de Penthalaz quand on traînait volontairement les pieds avec un pote lors des exercices d’endurance!».
Parfois, il trouve pénible de ne pas pouvoir sortir avec les copains, «mais ce que m’apporte le sport est bien supérieur aux sacrifices demandés».
Au quotidien, cet étudiant au Gymnase Auguste Piccard se décrit comme un gars optimiste et «un brin fainéant quand j’aborde un sujet qui ne me plaît pas tellement». Ses hobbys se nomment jeux vidéo et surtout le poker «où on doit calculer, essayer de prévoir, profiter d’une part de chance et s’adonner à la compétition». Pour lui, l’important est de se sentir à l’aise dans sa peau afin de se réjouir de ce qui va se passer. «On en revient aussi au positivisme du sport, car bien courir, c’est être heureux au quotidien.»
Dans le futur, son rêve est de devenir athlète pro. «Le meilleur âge, c’est 24-25 ans. Je me réjouis donc d’y arriver!» «Et si ça ne se réalise pas?», lui ai-je suggéré. «J’imagine alors entreprendre des études à l’Uni pour exercer ensuite une profession en relation avec le sport, comme prof de gym, physiothérapeute, ou autre chose…»
Profil express
Des athlètes «modèles»
En Suisse, Timothé Mumenthaler, un ami un poil plus rapide que moi! À l’international, Yohan Blake, Usain Bolt ou Noah Lyles
Le pire souvenir sportif
Me blesser en U18 une semaine avant de partir aux Championnats d’Europe
Une grosse surprise
Mon premier record suisse totalement inattendu
Vos objectifs
Cette saison, atteindre la finale des Européens M23 en Norvège; réussir à me qualifier dans le groupe de relais élites pour des championnats du monde au Japon. Et, à plus long terme, les JO de Los Angeles en 2028
Des lieux découverts grâce à l’athlétisme
Dernièrement, Lima au Pérou. Auparavant, Jérusalem
Pour rester zen après une compétition qui s’est mal déroulée
Je rumine seul avec moi-même durant cinq minutes et je passe à autre chose
Vos musiques
Tous les genres dans ma playlist de plus de 3500 titres. Je ne pourrais pas vivre sans musique
Dans la société, un élément positif et un autre négatif
J’adore les événements sportifs rassembleurs, comme la victoire de la Suisse sur la France en football à l’Euro 2021; à l’opposé, le pessimisme des gens qui ne veulent (ou ne peuvent) pas essayer d’aller plus loin m’interpelle
Une ambiance sympa
Une réunion d’amis avec une musique de fond, de grandes discussions et des rires
Des personnes importantes
Ma famille, mes amis d’athlétisme et ceux d’ailleurs
En quelques mots, devenir champion suisse ou battre un record, ce sont …
…Des sentiments incroyables et la récompense d’un travail acharné
CLAUDE-ALAIN MONNARD