Les 11 et 12 janvier, le spectacle musical «Quand Trois Poules» a fait salle comble au Théâtre du Pré-aux-Moines. Cette création était signée Lionel Aebischer, Lee Maddeford et Dominique Tille en collaboration avec les comédien(ne)s professionnel(le)s Aude Gilliéron, Tristan Giovanoli, Marie Sesse-li-Meystre, Lee Maddeford et les élèves de l’Ecole de musique de Cossonay.
Forte du succès de son premier essai avec «La voix de Peau d’Âne», Natacha Chapuis, à la production (en partenariat avec Camille Destraz, directrice du théâtre du PAM) a renouvelé l’expérience de la rencontre entre les professionnel(le)s de la scène et les amateurs et amatrices, pour un résultat «é-poule-stou-flant».
Sur scène, deux poules et deux coqs sublimés par des costumes contemporains hauts en couleur nous font part de leurs tourments internes sur des musiques inspirées de l’œuvre de Mozart. Dans un décor soigné, qui nous plonge dans le quotidien de quatre gallinacés aux tempéraments bien trempés, on prend part à une quête de liberté, en opposition avec l’attachement au confort, à la sécurité et au bon ordre des choses. En vivant la détresse de ces volatiles face à une réalité qu’ils découvrent sans pouvoir y croire, on se questionne sur notre rapport à la nature et à la consommation de chair animale.
Belle présence scénique
Les quatre solistes passent du chant au théâtre pour nous emmener dans leur univers, chacun percevant le poulailler selon un prisme différent: en fonction de son vécu, de sa personnalité, de son statut de cheffe de rang, de jeune coq à la recherche de son identité, de poule rêveuse assoiffée de découvertes ou de vieux coq nostalgique ayant connu l’ivresse de la vie sauvage, mais aussi ses désillusions. C’est avec une grande sensibilité que le batteur professionnel Jérémie Stricker, accompagné de l’ensemble de sept élèves et du coq Johnny au piano, nous entraîne dans le quotidien de ce poulailler déjanté.
«Quand Trois Poules» est un huis clos qui nous met face à de nombreuses questions philosophiques de manière légère, dynamique, grâce notamment à la belle présence scénique des comédien(ne)s.
Chapeau bas – ou plutôt Coquille basse – à cette création originale mêlant musique classique et humour décalé. Une manière de vivre plus sereinement et d’apprendre de nos différences, pour grandir ensemble en faisant de notre mieux pour devenir qui l’on est. Un message bienveillant et optimiste qui a de quoi mettre la chair de poule.
■ TATYANA LAFFEL