Herculéen déneigement au Grand-Saint-Bernard

Nous sommes fin mai. Sur la barrière interdisant l’accès au col du Grand-Saint-Bernard (2’469 m), un panneau indique: «Travaux de déneigement en cours. Soyez vigilants.» Seuls quelques névés agonisent pourtant çà et là en amont. Mais plus haut, les cantonniers valaisans s’activent au pied d’impressionnants murs de neige. Certains mesurent encore cinq mètres.

Ils se sont attelés à leur tâche début mai. Il avait alors fallu piqueter les côtés de la route à l’aide d’un GPS pour en retrouver la trajectoire. Ensuite, les dameuses avaient pu s’atteler à leur mission, laquelle s’apparente à nettoyer les écuries d’Augias… Les herculéens professionnels disposent de pelleteuses et fraiseuses. Ils sont assistés par des guides de montagne. Des minages préventifs ont lieu. Aujourd’hui encore, dans la dernière ligne droite menant au col, d’imposantes avalanches fraîches viennent rappeler qu’ici la frontière entre la terre et le ciel est ténue…

On comprend mieux pourquoi le Giro n’a pu passer par ici quelques jours auparavant. Ludovic Michellod s’active au volant de sa fraiseuse de trois cents chevaux avec doigté. Passe après passe, il déneige. «Cette mission a du sens. Tant de gens vont pouvoir passer ici grâce à notre travail et admirer la beauté des lieux!» se réjouit son camarade Simon Michellod.

Danger: murs de neige

L’ambiance est conviviale et le passage de randonneurs, de pèlerins voire de cyclistes amène un supplément d’âme aux journées. Voilà d’ailleurs qu’arrive Kim, en chemin sur la Via Francigena reliant Canterbury à Rome. Ce catholique sud-coréen de 52 ans confesse ne pas être conscient des dangers qui le guettent ici. À tout moment, les murs de neige peuvent s’écrouler sur lui, à raison de 800 kilos par mètre cube!

Le versant italien, lui, est déneigé depuis déjà deux semaines. Les travaux côté suisse s’étalent en général sur tout le mois de mai. Et la réouverture officielle de la route se fait début juin. Après cela, l’hospice sort du calme méditatif hivernal. Anne-Marie Maillard, officiant de longue date là -haut, redoute ce moment. «D’un coup, d’un seul, c’est comme si tout le stress de la vallée remontait vers nous.»

En 3 mots

Record

L’hiver passé, lors de notre reportage, 8 m 50 de chutes cumulées avaient été enregistrées au col. C’est très loin du record de 24 m 65 qui avait marqué le très punk hiver 1976-1977, mais c’est aussi très loin d’être négligeable.

Coût

Le déneigement des derniers 6 km 300 de la route du col du Grand-Saint-Bernard représente chaque année pas moins de 150’000 francs d’investissement.

Passé

«Jadis, on enregistrait ici en moyenne 15 à 16 mètres de neige cumulée et les Chanoines déneigeaient alors eux-mêmes à la pelle», se souvient Jean-Michel Lonfat, actuel Prieur de l’Hospice du Grand-Saint-Bernard.

TEXTE ET PHOTOS, LAURENT GRABET

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