Du 26 au 28 mai dernier se sont déroulées les quatre représentations données par l’école de danse et de théâtre Hélia, qui dispense des cours à Bussigny, Cossonay et Yens pour des élèves de 7 à 99 ans. Avec ce spectacle, Hélène Pochelon, à la tête de cette école, signe sa douzième création, réalisée en collaboration avec Cerise Ernst et Mélanie Vanetti, pour le scenario et la mise en scène.

Au travers de la rencontre entre les orphelins Talie et Néo et Louise, une femme que la nature a privé de sa maternité et qui pour noyer son chagrin a ouvert une boutique de jouets, nous sommes amenés à nous questionner sur notre rapport au monde virtuel.

Louise, une femme attachante

De nombreux tableaux de danse entrecoupés de pans narratifs interprétés par les comédien(ne)s de l’école, nous plongent dans la vie stricte et triste de l’orphelinat, nous font vivre l’évasion de Talie et Néo et leur immersion dans la ville où pour la première fois Néo découvre une console de jeux, ici dénommée Attrappe-Monde. Sur le point d’être saisis par la gendarmerie, les orphelins rencontrent Louise, cette femme touchante et attachante qui les protège et leur fait découvrir avec passion et tendresse son magasin de jouets voué à disparaître force du succès des attrape-mondes.

La mise en scène est soignée, chaque tableau au moyen d’un écran géant projetant une image du lieu de l’action nous permet de nous imprégner de l’atmosphère évolutive du récit. Les chorégraphies sont précises et parfaitement réalisées, quel que soit le niveau des élèves, dans les divers styles enseignés par l’école (contemporaine, classique, modern jazz et hip hop). La première partie se joue dans le monde réel puis après l’entracte nous entrons dans le Virtualium, qui nous entraîne dans le monde de l’apparence, des jeux d’arcades ou de combats, dans cette réalité qui donne la possibilité de vivre une vie sur mesure, sans contrainte, une vie rêvée par la création d’un avatar qui n’aurait aucune limite, sans plus aucune interférence avec le monde réel.

Un style contemporain

Les musiques sont parfaitement en adéquation avec chaque tableau, tantôt douces ou entraînantes, tantôt sombres, provoquant un large panel d’émotions. Le style est résolument contemporain, les costumes viennent soutenir le propos de chaque tableau avec justesse, le rythme est soutenu et les scènes sont vivantes et authentiques. Chaque groupe de l’école amène sa spécificité offrant une intensité et une variété de danse qui met brillamment en avant le travail des quatre professeurs de l’école.

Un magnifique voyage

C’est un magnifique voyage que l’école Hélia a offert à ses spectateurs, les emmenant dans des décors oniriques, aux couleurs chaudes et douces, emprunts de beaucoup de poésie et de douceur mais également de froideur et de violence, pour marquer le contraste entre ces réalités et nous faire prendre conscience des limites de ces attrapes-mondes qui peuvent nous transformer en marionnettes et nous aliéner de notre humanité.

Le narrateur de l’histoire conclut par cette phrase «N’oubliez pas de rêver» pour laisser la scène aux 165 artistes qui ont donné corps à ce récit. Un final impressionnant, sous un tonnerre d’applaudissements bien réels qui laissent à penser que si le monde virtuel prend beaucoup de place dans notre société actuelle il n’a pas encore englouti nos âmes ni l’envie de partager des émotions cœur à cœur et que le public sera toujours présent pour vivre la magie de la scène.

TATYANA LAFFELY

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