«Le cyclisme m’a appris la patience»
En juin 2022, il est devenu champion suisse élite de cyclisme sur route à Steinmaur, battant au sprint ses deux compagnons d’échappée. Un titre trois mois après une commotion cérébrale récoltée lors d’une chute en Belgique, il faut le faire! «Une fois la ligne franchie avec succès, on pense aux périodes où il a fallu se relever, se battre. Quand ces moments de joie surviennent, on comprend pourquoi on a fait tant de sacrifices. J’ai senti que ça n’était pas juste une course de vélo, ça allait plus loin pour moi.»
Ainsi s’exprimait Robin Froidevaux au lendemain de sa victoire constituant un rêve atteint. Au moment de notre rencontre, les termes «se relever ou se battre» prenaient tout leur sens et constituaient une philosophie de vie chez ce cycliste pro, engagé au début de saison par l’équipe Tudor. En effet, c’est un athlète à nouveau accidenté (fracture du coude) avec qui j’ai eu l’occasion de discuter. «Si je calcule, en moins d’un an, j’ai été hors service neuf mois sur douze, avec seulement 14 jours de course dont quatre en portant le maillot de champion suisse sur les épaules. Je me suis senti progresser durant ces douze semaines. Donc, aujourd’hui mon but est de revenir encore mieux», explique-t-il une dizaine de jours après son crash et ayant effacé momentanément une immense déception. «Je vais recommencer à pédaler sur mon home trainer et ça me fera un bien énorme pour la tête», poursuit-il dans un sourire.
Après avoir expérimenté tout jeune le judo sans succès, Robin est arrivé au BMX à Echichens qu’il a pratiqué une dizaine d’années. À 15 ans, voyant qu’il ne progressait plus beaucoup, il a tâté un peu de la route, participé plusieurs fois au Tour de Suisse des jeunes, effectué quelques courses et constaté que ça lui plaisait.
«Le vélo, c’est aussi pour marcher sur les traces de Bastien, mon papa qui m’a fait découvrir les belles compétitions et m’a insufflé cette passion.» S’en suivra une riche carrière de cycliste sur piste, ponctuée de médailles à des Mondiaux et des Européens, ainsi qu’une participation aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. «Ces JO constituaient aussi un rêve. Mais je n’ai pas vécu ce moment aussi bien que j’aurais voulu. J’ai eu un sacré coup de mou après. Il me fallait d’autres défis, d’où la route avec notamment un Tour de Suisse l’an dernier.»
Robin a vécu entre Villars-sous-Yens, Morges, Saint-Saphorin-sur-Morges, et actuellement à Pampigny où il réside avec sa copine Mia, également cycliste d’élite.
Revenir après sa blessure
Enfant, il a eu beaucoup de copains et il ne se posait pas trop de questions par rapport au sport de haut niveau. «Tant mieux, cela m’a permis de vivre normalement comme un ado, et de faire des bêtises aussi!»
Il a étudié au Gymnase Auguste-Piccard et obtenu une maturité. Au cas où la carrière pro ne se réaliserait pas comme espéré, Robin envisage la voie de l’enseignement. «J’ai fait quelques présentations dans des classes et le contact passait bien. Et puis, Mia est Irlandaise et pourquoi ne pas s’installer là-bas et donner des cours de français?», anticipe ce gars sympa qui se décrit comme quelqu’un de réfléchi, déterminé, prêt à travailler beaucoup et qui essaie d’avoir de bons rapports humains avec les gens qu’il côtoie. Au quotidien, sa routine d’athlète et de gestion de la fatigue s’avère importante. Sur le plan privé, se savoir entouré de ses proches constitue un grand soutien.
Et demain? «Le but est de revenir après ma blessure, axer sur la progression et l’amélioration des performances au sein de mon nouveau staff. Et enfin avec Mia, poursuivre notre route à deux!»
CLAUDE-ALAIN MONNARD