Le directeur de la Chapelle vocale part à la retraite
Directeur de la Chapelle vocale de Romainmôtier, Michel Jordan a mis sa baguette de direction au repos le 17 novembre, à l’occasion de l’ultime concert de «son» chœur qu’il dirige depuis presque six décennies. Un parcours et une fidélité incroyables, uniques même! Au menu, le «Requiem», de Mozart et le «Magnificat», de Bach, interprétés par la Chapelle vocale et l’orchestre de l’Ensemble baroque de Joux. Ces deux œuvres sont très rarement réunies sur une même affiche. Mais c’était le désir du chef de prendre congé sur ces notes et sublimes accords, dans une abbatiale comble, aussi bien lors de la répétition générale publique, la veille qu’au moment du concert lui-même.
Débuts en 1964
En 1964, Michel crée avec trois copains un quatuor pour interpréter du gospel. Un peu plus tard, des nouveaux membres (surtout des jeunes filles) les rejoignent et l’ensemble se dirige alors vers un répertoire plus classique: ainsi est née la Maîtrise d’Orbe. Des concerts sont donnés, des disques en registrés, des choristes venus d’ailleurs intègrent le chœur qui prend ainsi une «étiquette» plus régionale. En 1979, l’ensemble initial devient l’Ensemble vocal du Nord vaudois (EVONOVA). En plus des concerts, le groupe participe à quelques concours de renom et obtient de sacrés résultats: le premier prix à Charmey en 1994; un prix d’excellence à Tours en 1996 et, la même année, une mention très bien lors des 32e Rencontres chorales de Montreux. Il y a une dizaine d’années, l’EVONOVA change de nom et devient la Chapelle vocale de Romainmôtier.
Au cours de ces années, Michel Jordan a été l’âme du chœur, entouré et soutenu par des membres de comité efficaces et engagés. La musique a occupé toute la vie du chef. Son enseignement aussi, puisqu’après un brevet d’instituteur, il a suivi des cours de spécialisation pour devenir prof de musique. Il a enseigné dans des collèges et des gymnases yverdonnois et lausannois, puis à la HEP (Haute école pédagogique). En parallèle, il a occupé la fonction d’organiste, en particulier à Romainmôtier et à Bochuz.
Du classique à Paléo
Dans un portrait que le Journal de la région de Cossonay lui avait consacré en 2007, il disait qu’il avait dû imposer à ses parents l’idée de devenir musicien. «Dans le milieu assez modeste où je vivais, la musique n’était pas considérée comme un métier sérieux.»
Sur le plan musical, Michel Jordan reconnaît éprouver beaucoup de peine avec le hard rock ou des styles agressifs. À l’époque, le Paléo festival avait programmé des concerts de musique classique et Michel Jordan, tout en saluant cette initiative, exprimait aussi quelques réticences: «Interpréter par exemple le «Requiem» de Mozart sous chapiteau, je ne sais pas si le compositeur y gagne beaucoup. Malgré une ambiance chaleureuse, l’acoustique n’est pas bonne pour ce genre de musique.»
Et demain?
À propos du «Requiem», des gens lui ont fait remarquer que, pour un concert de départ, une messe des morts présentait un côté trop triste. «Pour clore le chapitre sur un ton plus coloré, j’ai aussi opté pour le ‘Magnificat’», explique-t-il.
Dans le futur, il souhaite continuer à jouer de l’orgue pour lui même, à donner des cours privés, à remplacer éventuellement des titulaires absents et à œuvrer quelque temps au sein de la programmation des Concerts de Romainmôtier. Peut-être même qu’il deviendra ténor au sein de la Chapelle vocale, nouvelle formule. L’avenir nous le dira!
CLAUDE-ALAIN MONNARD