Une roue numérotée correspondant à 32 chansons du répertoire français, des livrets avec les paroles. Trois artistes (Philippe Vollichard, Fred Detraz et Patrick Vulliamy) sur scène, la roue tourne et s’arrête sur La tendresse de Bourvil, le trio démarre la chanson et le public suit: un cinéma qui chante, des séquences d’interviews des interprètes sur grand écran, c’est super! Comme chaque automne, l’Association des Amis du Cinéma de Cossonay a organisé une soirée dans le but de faire découvrir la salle et de proposer une séance un peu différente. Après Elton John, Duke Ellington, Bourvil et Chaplin, elle a choisi, dimanche, une Roue de la Chanson regroupant des tubes de la chanson interprétés, entre autres, par Gainsbourg, Brel, Souchon ou Brassens. Uniquement des artistes masculins, mais aucune dame… serait-ce une question de tessiture trop haute?
Plus de 20 chansons
«Partager le chant sous la forme de chantée, sorte de chorale improvisée en bonne compagnie, m’a particulièrement enthousiasmé. J’adore cette façon d’entonner ensemble des chansons connues et aimées, aidé d’un chansonnier et accompagné par des guitares», explique Philippe Vollichard, l’auteur du concept de ce spectacle. Initialement, il est prévu pour 64 titres, mais Patrick Vulliamy l’a adapté avec des images d’archives pour le proposer dans des cinémas indépendants.
Le public a joué le jeu et a interprété avec bonheur la grosse vingtaine de chansons décidées par le sort. Certaines sont des tubes bien connus et d’autres présentent des difficultés mélodiques, un rythme rapide et des paroles qui «s’entrechoquent.» Trois ou quatre dizaines d’années après leur sortie, on se rend compte que plusieurs sont encore d’une actualité brûlante. Dans Déjeuner en paix, Stephan Eicher explique que «les nouvelles sont mauvaises, d’où qu’elles viennent» et qu’il aspire à un peu de calme. Pierre Perret, par l’intermédiaire de Lily, évoque «un bateau plein d’émigrés qui venaient de leur plein gré.» Quant à Claude Nougaro, dans Armstrong, il parle d’une «vie pas très marrante. Qu’on l’écrive noir sur blanc ou blanc sur noir, on voit surtout du rouge sang, sans trêve ni repos!»
Cependant, heureusement, Polnareff estime «qu’on ira tous au paradis» et Bourvil souhaite «faire pleuvoir des torrents de tendresse pour que règne l’amour jusqu’à la fin des jours».
Les applaudissements nourris à la fin de chaque chanson ont prouvé que tous les éléments ont été réunis pour passer une fin de journée musicale interactive et fort sympathique. ■
Claude-Alain Monnard