Bach triumviral
Si Monsieur Jourdain, le «Bourgeois gentilhomme» de Molière, faisait de la prose sans le savoir, c’est en toute connaissance de cause que Jean-Sébastien Bach magnifiait (et magifiait!) harmonie et contrepoint dans les concertos qu’il dédia à Christian, margrave de Brandebourg. D’où le titre du concert qui sera donné jeudi 6 juin à 20h au Temple de Cossonay: «Brandebourgeois gentilhorgue».
Outre le gentil orgue susnommé, on y entendra un sémillant violon, deux primesautières flûtes à bec, un aimable clavecin (à ne pas confondre avec Aimable, le roi de l’accordéon), et tout un joyeux ensemble de cordes, sous l’appellation contrôlée de Triumvirat (= la musicienne et les deux musiciens à l’origine de cette réunion: Sylvie Rochat, Pascal Cassoli et Jean Pierre Hartmann). Au programme, deux des «Concertos brandebourgeois»: le cinquième, avec sa célèbre cadence de clavecin, qui met la patience des autres instrumentistes à rude épreuve, tandis que les deux autres solistes attendent prosaïquement (mais sans le savoir?) de reprendre le commandement; et le quatrième, avec son violon volubile et ses deux flûtes «en écho», pour terminer ce concert dans une aérienne gaieté, vous donnant envie de participer «en écot» à la collecte finale.
Ces deux œuvres seront précédées de la deuxième «Ouverture» (aussi nommée «Suite» de nos jours) avec sa solennelle introduction «à la française» (gentilhommesque!) suivie d’une fort jolie série de danses, dont la dernière est la célèbre Badinerie – terme qui ne signifie pas «avoir l’estomac dans les chaussettes» (mais oui: bas / dînerie!). Un ensemble de musiques sérieusement joyeuses, ou joyeusement sérieuses, comme l’estivale notice que vous venez de parcourir.
FRANÇOIS MARGOT