Une surprenante aisance
Au Théâtre de la Ruelle, début mai, a eu lieu la première confrontation publique pour des élèves des ateliers du COMSI. Agé(e)s d’environ 13 ans, dix actrices et acteurs issu(e)s de la classe de Nicole Ammann interprétaient «Château d’O», pièce de l’autrice belge Stéphanie Mangez.
Dans le royaume de Trodô, la raréfaction de l’eau et l’arrivée de migrants assoiffés, abandonnés à leur sort, confrontent les habitant(e)s à la cruelle tyrannie des souverains. Des thèmes actuels donc pour ces jeunes, qui les ont abordés avec naturel et une surprenante aisance.
On garde une âme d’enfant
Le lendemain, lors du joyeux debriefing de cette aventure théâtrale, tou(te)s manifestaient leur enthousiasme pour l’expérience, leur regret que ce soit déjà fini et leur envie de continuer. Même si ce n’est pas si simple! En amont, en pensant à son équipe, leur professeure a choisi un texte que les élèves vont d’abord lire ensemble. Puis chacun(e) décidera avec quel personnage il (ou elle) se sent en affinités. Mais, avant de monter sur les planches, il faut se plier à l’exigeante discipline d’apprendre un texte et surtout de se l’approprier, d’en maîtriser toutes les nuances, de l’intégrer, en devenant le personnage. À cela s’ajoute l’apprentissage de l’indispensable travail en coulisses avec changements de costumes et de décors, qui doit se dérouler sans accrocs, avec rapidité et en silence, bien souvent à quatre pattes, car au Théâtre de la Ruelle il n’y a qu’un mince rideau au fond de la scène!
Et le trac? Il est là, bien sûr, le blanc sournois qui rend muet… Pour le surmonter et s’en sortir sans souffleur, les jeunes comédien(ne)s découvrent la complicité, la nécessité de se faire confiance, d’être soudé(e)s les un(e)s aux autres; de cette solidarité naîtra la fluidité et le succès final. Tou(te)s ont choisi de faire du théâtre et ont cette envie bien ancrée, envie déjà manifestée lorsque, dans leur prime enfance, Playmobil ou Lego à l’appui, ils inventaient des histoires avec des personnages.
Beaucoup racontent qu’ils aiment faire rire, se déguiser, ne craignent pas de parler en public, d’exagérer des émotions, au point que leur entourage leur a souvent dit: «Toi, tu devrais faire du théâtre!»
Ils savent maintenant que l’exercice va bien au-delà d’apprendre par cœur. Grâce à lui, ils découvrent aussi leur moi profond. Preuve en est la réflexion d’une comédienne: «Avec le théâtre, on garde une âme d’enfant.»
MARIE NORA