Déjà le 22 mars dans l’après-midi, une légère effervescence devenait perceptible dans les rues du village. Par un message largement diffusé, Cosette, Anne et Hélène, organisatrices du Printemps de la Poésie, avaient invité les habitants à saluer l’événement. Nombreux furent ceux qui, inspirés par des rimes composées par d’autres, se sont donc sentis appelés à poser devant chez eux, qui quelques vers, qui un court texte ou une décoration. Du simple feuillet collé sur la fenêtre, à une installation plus élaborée, sur un grillage, accroché à un portail, posé sur une balustrade ou contre un mur, virevoltant entre les branches d’un arbre ou arrimés au-dessus d’une fontaine, tous rappelaient aux passants que le samedi 23 mars à La Chaux serait poétique ou ne serait pas!
Avec Blaise Hofmann
Dès 9h du matin à La Grange aux livres, chez Cosette Haenny, un atelier d’écriture conduit par Blaise Hofmann affichait complet. Les dix participant(e)s, rencontré(e)s à l’issue de l’exercice ne cachaient pas leur bonheur d’avoir planché sur les thèmes proposés par l’écrivain. «Beaucoup d’émotion, une grande sincérité, de très belles qualités d’écriture de la part de personnes qui n’ont pas nécessairement l’habitude de se mettre à nu», relevait avec plaisir l’auteur vaudois; il avait su mettre chacun(e) à l’aise.
À midi, le repas proposé à La Grange de Nane, réunissait amateurs de poésie et participants au Coup de balai qui, prosaïquement, se déroulait aussi à La Chaux ce matin-là, comme partout dans le canton. Ils n’ont pas laissé leurs parts aux chats, faisant entre autres honneur à une soupe de légumes bienvenue ou un délicieux et roboratif Chili con carne.
L’après-midi était consacré à la balade dans le village. «Le fond de l’air est frais, mais y a du soleil, et c’est chouette de voir ces textes», constataient celles et ceux qui, bien emmitouflé(e)s, ont arpenté la bourgade sous la conduite d’Anne Muriset. La libraire, quant à elle, avait ouvert son espace pour des moments de lectures à haute voix. On y voyait aussi des dessins humoristiques de Thierry Buffet.
Puis, un concert de chansons françaises Entre Leprest et Gainsbourg était à l’affiche de La Grange de Nane. Philippe Munger au piano accompagnait avec délicatesse et le talent qu’on lui connaît le chanteur Michel Bellego. Quelque soixante personnes se sont laissé conquérir, dans une ambiance Saint-Germain des-Prés, la fumée en moins.
À 20h, direction Le Théâtre de la Ruelle. Edmée Fleury et Yves Jenny attendaient les spectateurs pour des Rêveries vagabondes. «J’ai été envoûtée: ils jouent avec les sons, les mots, dans une grande complicité, créent une atmosphère ludique et décalée; ils sont en symbiose, elle a un sourire magnifique, transmet joie, amour de la musique et des mots» commentait une spectatrice, des étoiles plein les yeux. En conclusion: un grand bravo à Cosette, Anne et Hélène, les chevilles ouvrières des trois granges de La Chaux!
MARIE NORA