Un p’tit grain de Phanee
Plutôt qu’un «p’tit grain de folie», pourquoi ne pas mettre un «p’tit grain de Phanee» dans notre vie? C’est l’option qu’ont choisie les nombreux spectateurs présents au PAM de Cossonay, les 5 et 6 octobre pour la «première mondiâââle» (dixit le programme!) du nouveau spectacle de Phanee de Pool, «AlgorYthme», qui traite de la puissance de la liberté face à l’intelligence artificielle.
Après la folie joyeuse de ce temps de spectacle, un retour au calme s’impose pour laisser venir les images qui restent de cette soirée pas comme les autres: celles de Funny Phanee, lutin facétieux et bondissant, clown drôlissime et shot permanent de vitamines. L’artiste ne ment jamais sur l’amour sincère qu’elle porte à son public – dans son entier autant qu’à chaque spectateur pris individuellement – et va jusqu’à nommer plusieurs d’entre eux par leur prénom et à interagir à tout moment avec la salle.
Images, aussi, de Phanee the Poulpe, dont les tentacules touchent à tout et qui est partout à la fois: avec le public, devant ou dedans; avec la technologie qu’elle maîtrise de manière presque chorégraphique; avec ses merveilleux musiciens du Pocket Symphonik (violons, violoncelle, clarinette), emmenés au piano par Etienne Champollion, arrangeur subtil qui propose un écrin sur mesure à sa partenaire de jeu.
«La liberté n’est pas une science»
Images, enfin, de la lanceuse d’alerte, grave et déterminée, qui balance ses phrases comme autant de couteaux plantés là où ça fait mal, et qui mène son combat pour la liberté: «La liberté n’est pas une science, c’est un art!»
Le tout sous «l’Œil», unique et impitoyable, de cette Intelligence artificielle qui s’insinue dans nos vies et dans nos cerveaux lobotomisés, jusqu’à en savoir plus que nous sur nous-mêmes. Mais au final, du moins en ce qui concerne «AlgorYthme», c’est l’humaine qui a eu le dessus sur la technologie, nous rappelant en cela que nous avons toujours la possibilité de «tirer la prise».
Le public du PAM n’est jamais avare de standing ovations, mais lors de ces deux soirées mémorables, nous aurions tous voulu «aller plus haut». Et suivre Phanee jusqu’au bout de la nuit tant, ainsi que l’annonçait la programmatrice Camille Destraz en introduction au spectacle, «nous avons tous flashé sur son univers».
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PHOTO JIMMY ZANONE