“Je suis un gars multicasquettes”

“Alors, Mauraz recense des lits vides?”, lui ai-je demandé sur un ton un peu narquois en préambule à notre entretien. Il a répondu, en se marrant, que “non, la mise à jour des registres des logements et des bâtiments nous a posé des problèmes. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois!”

Frédéric Pfeiffer est entré à l’Exécutif en 2002, année où il a fallu remplacer la Municipalité qui démissionnait. “Nous nous sommes alors concertés à trois pour reprendre les rênes et continuer le travail”. Dans un petit village comme Mauraz, tout le monde se connaît et les choses se discutent ouvertement.

“En revanche, le désavantage, c’est le décalage entre les réalités du terrain et les applications vaudoises des lois fédérales qui entraînent parfois des aberrations”.

Il y a quelques années, une fusion semblait inévitable car les autorités avaient un gros problème avec l’épuration des eaUx usées, qui a finalement été résolu. “Actuellement, dans notre commune de 67 âmes, ça roule et, personnellement, je ne sens pas d’urgence sur ce thème”, confie le syndic.

En provenance de la Tour-de-Peilz, Frédéric Pfeiffer a débarqué à Mauraz à l’âge de 13 ans suite au remariage de sa maman. “Ce déménagement a constitué un choc positif. J’ai tout de suite aimé la campagne et l’ambiance de la région. J’ai terminé ma scolarité à L’Isle avec un grand bonheur”.

Spectacle à Montricher

De son adolescence, il cite l’équipe des “Deguenautseurs”. “On faisait les andouilles dans le Jura, on montait un spectacle chaque année à Montricher en écrivant nos textes. Une superbe époque! Autrement, je n’avais pas de rêves particuliers, appréciant la vie comme elle se présentait”.

Au moment de choisir une profession, Frédéric hésitait entre paysagiste et joaillier, mais son grand-père, alors fondé de pouvoir à l’UBS, lui avait dit “L’entreprise Bobst est une maison réputée. Je t’inscris à un stage”. Il y a effectué sa formation de mécanicien-électronicien. “Un apprentissage très militaire et efficace, mais le résultat était là”.

Il a ensuite complété sa formation par des études au Technicum. Il est devenu monteur international et a sillonné le globe avec ce métier. Depuis 1993, il fabrique et entretient, à Mauraz, un appareil de mesure utilisé par les fromagers, afin de détecter le point de caillage. “Mon voisin avait créé un système mécanique qui allait assez bien, puis nous avons développé le modèle électronique ensemble.”

Son statut d’ingénieur en électronique et son réseau de copains lui ont aussi permis d’intégrer le Théâtre de Beausobre en tant que régisseur.

Il a été parapentiste

Frédéric a retapé lui-même sa maison. Actuellement, il agit de même sur un bâtiment annexe qui lui sert d’atelier. “Comme monteur externe sans natel à l’époque, j’ai exercé beaucoup de métiers et je me décris volontiers comme un gars multicasquette”, dit celui qui reconnaît avoir une tête dure et de la difficulté à lâcher ses idées. “J’ai tendance à réfléchir longtemps sur un sujet. C’est mon côté ingénieur, qui consiste à voir les choses avec un point de vue élargi”.

frédéric Pfeiffer a été parapentiste (avec pas mal de ferraille dans une jambe suite à un accident), spéléologue et aujourd’hui, il pratique la voile sur le lac. “Régisseur, c’est aussi un hobby, avec un côté créatif quand il s’agit de régler les problèmes qui se présentent”.

Au quotidien, des sujets l’agacent, comme “cette mainmise des juristes sur l’autonomie communale, ainsi que le manque de communication entre les divers secteurs de l’Etat”.

Par ailleurs, il ne supporte pas l’extrémisme de tout bord. Ses nombreux voyages lui ont permi de prendre conscience “du bol qu’on a de vivre dans notre pays. J’ai appris à l’aImer un peu plus à chaque retour de me périples dans le monde!”

CLAUDE-ALAIN MONNARD

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