Miroir, ô mon beau Miroir d’Argentine dis-moi qui est la plus belle… «C’est moi!» pourrait répondre sans hésitation cette esthétique dalle calcaire de 450 mètres. Laquelle fait de l’œil à toute personne qui a, un jour, la judicieuse idée de passer par le magnifique hameau d’alpage de Solalex (1’462 m) sur les hauts de Gryon.
Une belle classique
À la belle saison, des cordées d’alpinistes venus du monde entier s’y succèdent presque sans discontinuer. Ils furent parfois jusqu’à 150 à serpenter sur l’une des quelque quarante voies à en croire les célèbres frères Remy, des ouvreurs en série, familiers des lieux.
Yves et Claude estiment avoir ouvert vingt-cinq voies dans cette paroi lisse et brillante. Claude parle carrément «d’une face unique, qui n’a pas sa pareille dans toutes les Alpes!»
La voie normale est «une des plus belles classiques des Alpes», selon lui. Cette longue voie compte treize longueurs. Il y a bien des années, je m’y étais frotté sous la conduite d’une amie montagnarde plus expérimentée que moi.
La chose n’a rien de trop difficile pour un second de cordée, cheminant ainsi dans la voie normale où les options d’assurage ne manquent pas. Mais les possibilités de s’émerveiller des idylliques paysages embrassés en route sont également légion. Cette expérience nécessite une heure de marche d’approche. Il est bon de jeter un œil à la météo et à la webcam www.alpesvaudoises.ch/fr/pages/ webcam-solalex avant de se lancer…
La redescente prend le même temps, si on passe par le ravin de Poreyrette, qui est raide et parfois glissant. Mais, c’est évidemment entre les deux que la «balade» est la plus jouissive. La dalle n’est pas verticale. On peut grimper sur les pieds, et même en chaussures de montagne pour une bonne part.
L’ascension n’est ni exagérément physique ni trop technique.
Rappelons que la traversée de l’arête d’Argentine est, elle aussi, un classique. Mais il s’agit d’une autre belle histoire que l’on vous avait déjà narrée dans cette rubrique en septembre 2018.
LAURENT GRABET