« Incendies », la pièce incandescente de Wajdi Mouawad, est à voir encore ce week-end !
Lorsque Me Lebel fait à Jeanne et Simon Marwal la lecture du testament de leur mère, Nawal, elle les confronte à une histoire débutée avant eux, qu’ils rejettent mais à laquelle ils ne peuvent se soustraire. Débute une quête qui les met face à eux-mêmes, les obligeant à ne pas se cacher la réalité aussi laide qu’elle soit, à retrouver ce père qu’ils croyaient mort et ce frère dont ils ignoraient l’existence.
Une pièce qui a gardé toute sa force
Sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, les comédiens de «Incendies» brûlent les planches du Théâtre de la Ruelle, s’appropriant admirablement le texte de Wajdi Mouawad. Mise en scène par Hélène Bolanz pour la deuxième fois, à quatorze ans d’intervalle, cette pièce a gardé toute sa force; dénonçant l’horreur et l’absurdité des guerres, elle est intemporelle. Même si on sait que l’action se situe au Liban, les lieux ne sont jamais précisés par l’auteur, car toutes les guerres, hélas, se ressemblent. La violence aveugle, la haine, mais aussi l’amour et le pardon, à l’issue du très long chemin parcouru par une mère guidée par sa volonté farouche de retrouver l’enfant qu’on lui a enlevé il y a vingt-cinq ans, sont à la fois les clés et le fil rouge de l’histoire. Pour ne pas mettre de noms sur l’horreur, ne pas nommer les actes, Nawal se plonge dans le mutisme jusqu’à sa mort.
Lorsqu’on demande à Hélène Bolanz pourquoi elle a remonté «Incendies», elle explique que l’œuvre fait partie des textes qui l’accompagnent sur son chemin de vie. À l’image des tragédies grecques qui ne perdent jamais leur actualité, dans lesquelles on n’échappe pas à son destin. Elles mettent en lumière les multiples facettes de notre condition humaine. Et même si l’on est obsédé par cette boucle infernale dont on n’arrive pas à sortir, il faut vivre, essayer de ne jamais haïr, garder la tête dans les étoiles.
MARIE NORA
« Incendies » au Théâtre de la Ruelle, à La Chaux, les 14 et 15 juillet à 20h, supplémentaire dimanche 16 à 17h. Complet, mais éventuelle liste d’attente. www.laruelle.ch
