« J’aime le travail bien fait »
«Un portrait? Ouais… C’est que les Vaudois n’aiment pas trop se mettre en avant. Mais bon, je vais jouer le jeu et on verra après!» Voilà, en gros, ce qu’il m’avait répondu lors de notre première prise de contact. Je m’attendais donc à rencontrer un personnage plutôt «avare en paroles», mais pas du tout, je n’ai eu qu’à laisser «tourner» mon dictaphone!
Didier Amez-Droz a tout d’abord été membre du Conseil communal «pour voir comment ça se passait dans une commune», puis il est élu à la Municipalité en 2006, avant d’occuper le poste de syndic sept ans plus tard, fonction qu’il exerce toujours. «Ce job, c’est mon hobby qui permet d’avoir plein de contacts avec les gens, d’aborder des dossiers fort intéressants, de se rendre utile et de concrétiser des projets. Alors, bien sûr, parfois il y a des moments de tension et de remise en question qu’il faut gérer. À titre personnel, le seul regret que je ressens est de n’avoir pu passer plus de temps en famille avec mes enfants.»
Entre les séances de l’exécutif et des divers comités, commissions et associations dans lesquels son rôle l’appelle, son agenda s’avère «énorme» et les soirs de la semaine sont quasiment tous occupés. «Le Covid a été la seule période où on a pu se retrouver quelque peu. J’ai alors ressenti une certaine prise de conscience de cette forme de manque.» Il reconnaît aussi que ce poste de syndic lui sied car «ne supportant pas trop d’être commandé, je peux aller de l’avant!»
«Et les critiques?», lui ai-je demandé. «On croit qu’elles ne nous touchent pas, mais ce n’est pas vrai! Inconsciemment, elles restent. J’accepte les critiques justifiées, car la vision de chacun est différente. Mais face à des reproches gratuits ou déplacés, j’ai de la peine. Heureusement, je ne souffre pas trop d’insomnies liées à ce sujet.»
La moto comme hobby
Pour mon interlocuteur, la profession d’agriculteur était une évidence, «même si ma maman m’a souvent dit qu’avec mon physique de maigrichon et de gringalet, ce métier n’était pas pour moi», explique-t-il en riant, ajoutant que ses frères avaient choisi une autre voie professionnelle.
Actuellement, son fils Timothée travaille aussi dans l’entreprise et la «cohabitation» se passe bien. «J’ai mis de l’eau dans mon vin et, après avoir aussi formé une vingtaine d’apprentis, je vois comment il faut fonctionner avec les jeunes. Je prends mon temps, j’arrondis les angles et chacun a trouvé son rythme.»
L’adolescence de Didier Amez-Droz s’est déroulée de manière sereine entre les copains du village et le travail à la ferme. Il se décrit comme une personne curieuse et passionnée pour qui la notion de respect compte beaucoup. «J’aime le travail bien fait. Dans ce sens, j’ai tendance à mettre la barre trop haut, et parfois, je ressens une sorte de déception en regard des résultats obtenus. Je suis un bilieux et il me semble qu’à 65 ans, ça ne devrait plus être le cas! S’agit-il d’un manque d’assurance? Peut-être, mais voilà, on ne se refait pas.» Et de constater aussi que «notre génération donne peut-être une image extérieure un peu différente de ce que l’on est vraiment», remarque à laquelle je souscris assez!
La moto constitue un de ses hobbys majeurs. «J’en fais depuis tout jeune. Quel plaisir d’être au grand air, d’éviter les bouchons et de parfois se laisser griser par la vitesse! J’ai eu trois retraits de permis, dont deux à cause de la moto», lance-t-il dans un éclat de rire, avant d’ajouter que son épouse Anne-Lise appréciait ces virées sur deux roues, maintenant plus tranquilles qu’avant.
Pour Didier, l’important au quotidien consiste à relever les défis que ses diverses activités mettent sur son chemin et à songer à l’importance de garder une bonne santé quand on arrive à un certain âge. «Enfin, je souhaite ardemment que mes proches se sentent contents de vivre en ma compagnie!»
CLAUDE-ALAIN MONNARD