«J’espère que mon projet inspirera!»
«La portée d’un homme dépasse celle de son imagination»: voilà une devise parlante pour Louis Margot. Il va la mettre en pratique en tentant une aventure dingue, baptisée Human Impulse, à savoir 50’000 kilomètres autour du monde à la force de ses bras et de ses jambes, uniquement en ramant et en pédalant. Ceci en deux ans et demi, ce qui constituerait un record. «Est-ce raisonnable de traverser l’Atlantique, le Pacifique et une trentaine de pays? Dans la tête, cette idée va au-delà de l’entendement et on se dit que non… Mais en fait, peut-être que oui. Des sentiments contradictoires surgissent: certains bloquent et d’autres boostent!» Ainsi s’exprime ce sportif d’élite connu dans le milieu de l’aviron, où il a remporté maint titre, dont celui de champion du monde junior.
Chez Louis, le déclic de ce défi a été provoqué par un voyage à vélo jusqu’à Istanbul en 2017. «Je me suis dit que je voulais découvrir quelque chose de plus. Au fil du temps, le challenge suprême s’est précisé: traverser un océan à la rame et repousser mes limites.» Une seule personne a réussi un tour du globe en solitaire à la seule force humaine en cinq ans. Un autre personnage – Jason Lewis, que Louis a rencontré – a fait de même, mais il était accompagné pour certains trajets. «On a beaucoup discuté et il a développé en moi encore plus ce désir de vivre un tour du monde par mes propres forces, une aventure hors du temps permettant de casser la routine quotidienne.»
Afin de mener ce projet à terme, des personnes de sa famille, des proches, des amis et des voisins constituent le staff technique aux fonctions bien définies.
Louis Margot a grandi à Bougy-Villars, puis à Colombier. Il évoque son enfance comme une période magique, pleine d’insouciance. «J’imaginais devenir inventeur. Plus tard, à l’adolescence, j’éprouvais le besoin découvrir le monde. Au terme de ma scolarité, j’ai suivi des études au Gymnase de Beausobre, puis à l’EPFL», explique ce gars réfléchissant beaucoup, à la fois expansif et introverti. «Je donne mon opinion sur plein de sujets, mais les choses fondamentales, je les garde au fond de moi. Je ressens les émotions sans arriver à les montrer. Je me pose plein de questions sur le sens de la vie et ce défi constitue aussi personnellement une quête existentielle, un niveau philosophique au-delà de la performance sportive.»
Au quotidien, l’important pour Louis est d’avoir sa dose de sport pour se défouler, de bien dormir – malgré ce qui tourne dans sa tête en rapport avec Human Impulse – et d’entretenir les liens d’amitié avec ses potes. Ces derniers n’ont pas été très étonnés par l’existence de ce projet. Son frère lui a dit: «Si tu sens que tu dois le faire, fais-le!» Quant à ses parents, ils ont exprimé une certaine inquiétude, tout en le soutenant à fond.
Esprit d’équipe essentiel
La pratique de l’aviron au plus haut niveau lui a permis de se structurer, de prendre conscience de l’importance de l’esprit d’équipe, de la progression vers un but commun tout en gérant des conflits éventuels, de respecter et d’aider les autres en cas de nécessité. «Finalement, je me suis rendu compte que se sentir fort, ce n’est pas par rapport à un adversaire, mais plutôt quand on progresse face à soi même.» Et, en écoutant les propos passionnants de Louis sur cette aventure, me sont revenus des propos entendus à l’époque: «Dis, papa, c’est encore loin l’Amérique?» «Tais-toi Toto et rame!»
CLAUDE-ALAIN MONNARD