« Ne lâche rien! Va de l’avant avec humilité et abnégation »

En pénétrant dans le club Pegasus Gym qu’il a fondé en 2016 et où on pratique des sports de combat, j’observe Jamal Wahib donnant des conseils à Mélanie. Le «prof» explique, corrige et complète ses paroles par des gestes que «l’élève» répète. La salle est vaste avec un ring au centre, des tapis de course et des vélos, des sacs de frappe et du matériel spécifique pour l’entraînement. Dans un coin se situe un petit bar pour l’accueil. En face de moi, sur une étagère, des coupes et des ceintures attestent que mon interlocuteur est un «ponte» de boxe et d’arts martiaux, avec de multiples victoires et des titres de champion d’Europe et du monde. Jamal avait d’ailleurs une échéance importante quatre jours après notre rencontre avec un gros combat à la clé.

Cet athlète s’est initié à ces sports de combat après avoir pratiqué du foot, du basket ou du water-polo, mais sans y trouver ce qu’il cherchait. «Je me sentais frustré car des copains ne s’engageaient pas comme je le concevais! Alors, dès que j’ai pénétré dans ce monde de la boxe à 22 ans, j’ai tout de suite croché.»

Mélanie, qui aide Jamal au sein du club, précise que «ces disciplines apportent un vrai dépassement de soi et de la confiance.»

Jamal pratique la boxe anglaise, la boxe thaï, le kickboxing et le Kun Khmer, forme de boxe thaïlandaise se disputant sans gants. Ce panel d’activités lui donne ainsi diverses possibilités pour combattre. Il estime que tout le monde peut arriver à un certain résultat… si on s’en donne les moyens, à savoir «abnégation, humilité, ne rien lâcher, s’entraîner de manière intensive et quotidienne, se dévouer à fond pour sa discipline». Prendre des coups n’est pas évident et requiert un aspect psychologique à développer, sans oublier le côté physique que le (ou la) combattant(e) se forge «en se tannant le cuir»!

Jamal a grandi en banlieue parisienne, dans un quartier assez difficile. «C’était beaucoup plus la jungle que la campagne vaudoise», dit-il en riant, précisant qu’il avait eu la chance d’évoluer dans un contexte familial très positif. «Un papa travailleur et très proche de nous, une maman complètement dévouée à ses neuf enfants. Ainsi, on formait une véritable équipe de foot!», poursuit-il dans un large sourire.

Adolescent, il rêvait d’intégrer un groupe d’intervention de la gendarmerie et il avait passé les tests avec succès. Puis, une grande réflexion s’était développée en lui, l’amenant finalement à renoncer.

«La boxe m’épate toujours»

Au quotidien, dans sa fonction de coach, il souhaite que ses client(e)s ressortent de ses cours avec un plus au niveau du savoir et de la satisfaction. Mélanie le décrit comme «une personne entière, droite, juste, perfectionniste, généreuse. Il aide chacun à atteindre ses objectifs personnels.»

Et son épouse Malika, comment réagit-elle à l’approche des combats? «Quand nous nous sommes connus, elle trouvait exceptionnel d’avoir pour mec le gars sur le ring avec la ceinture! Maintenant, avec les enfants, son approche est différente et elle aimerait que je lève un peu le pied. Mais elle sait aussi que ce sport s’avère central et vital pour moi.»

En conclusion, Jamal aimerait dire aux gens qui considèrent la boxe comme une activité agressive et inutile de venir essayer. «Taper dans des sacs, se dépenser physiquement, transpirer et s’impliquer pleinement, tout ça permet de déverrouiller des émotions coincées en nous par le lâcher prise et par la dépense d’énergie. Ce sport m’épate tous les jours!»

CLAUDE-ALAIN MONNARD

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