La DGIP-Archéologie cantonale a ordonné le suivi archéologique lors de la mise en séparatif de la Petite Rue afin de veiller à la sauvegarde des vestiges de l’ancien bourg. Le bureau Archéotech SA a pris en charge ces investigations sous la supervision de l’Archéologie cantonale. Dans ce contexte, les vestiges d’une archère médiévale (ouverture verticale de tir dans une fortification) ont été mis au jour, tout comme les murs de l’ancienne tour-porte sud de la ville de Cossonay et les murs d’un pont permettant d’accéder à la porte.

Cette découverte, survenue lors des travaux effectués par l’entreprise FFA, et ayant donc occasionné quelques retards pour ceux-ci, a permis de mettre en lumière un pan disparu de l’évolution urbaine de la ville.

À l’emplacement de la Porte de Morges

La zone, située à l’intersection entre la Rue du Temple, la Place du Pont et la Rue des Étangs, a nécessité une surveillance archéologique particulière. Le cadastre de 1749 indiquait à cet emplacement la présence de la porte sud de la ville, aussi appelée Porte de Morges ou Porte de la Boucherie.

L’archère se trouvant sur le tronçon de l’enceinte médiévale mise au jour permettait de contrôler le fossé au fond duquel coulait un ruisseau, apparemment en relation avec l’étang anciennement situé à l’actuelle Rue des Etangs.

Dans une phase plus récente et lors d’un réaménagement de l’espace urbain, une tour-porte, permettant d’accéder à la ville de Cossonay par le sud, a été construite au-dessus de ce mur. Cette dernière est venue s’appuyer sur et contre l’ancien mur médiéval. Il ne reste rien de l’élévation de cette porte, hormis un montant à l’ouest plus récent encore visible à la Rue du Temple 3. C’est lorsque l’archère a perdu sa fonction défensive que la porte a été bouchée. L’a-t-elle été lors de la construction de la tour-porte? Ou lors de l’installation d’une coulisse plus récente? Cette information ne nous est hélas pas encore connue à ce stade de la découverte et de son analyse.

Archère à ébrasement triangulaire

Au moment où le fossé de la ville a perdu sa fonction défensive, le probable pont-levis a été remplacé par un pont maçonné, enjambant la zone marécageuse et permettant d’accéder de plein pied à la porte. La pile nord du pont s’appuyait contre les fondations de la tour-porte. Une telle découverte permet de renseigner davantage le type de fortification présent dans la région au Moyen Âge et les systèmes défensifs en vigueur à cette période.

En effet, l’archère présente un encadrement rectangulaire chanfreiné (taillé en abattant l’arrête de la pierre pour obtenir une petite surface oblongue) fait de blocs de calcaire. Elle se caractérise par une double ouverture, interne et externe. La large ouverture interne sert de chambre de tir aux gardes, tandis que l’ouverture externe, très étroite, protège ces derniers des assaillants.

Ce type d’archère, dite à «ébrasement triangulaire» est caractéristique du XIIIe siècle. On en connaît des similaires dans l’enceinte de la ville de Moudon et qui ont été datées de 1280.

Actuellement, pour la ville de Cossonay, trois enceintes successives sont connues, datant respectivement des XIe, XIIIe et XIVe siècle. À ce jour, aucune datation au carbone 14 n’a pu être effectuée sur les murs mis au jour en mars. Au vu des caractéristiques de l’archère, ce tronçon est toutefois probablement à rattacher à l’enceinte du XIIIe siècle.

SARAH PAUDEX – ARCHÉOTECH SA

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