Dans un communiqué, la Municipalité de Cossonay a indiqué «prendre acte avec regret, de la démission de deux de ses membres pour le 30 juin 2023». Une double démission qui est le fruit du hasard, puisque les futurs partants, Bernard Ebener (71 ans) et Philippe Zufferey (66 ans), issus du parti CossEntente, ne se sont pas concertés en amont.
Motivations abîmées
Si leurs raisons sont quelque peu différentes, elles se rejoignent sur un point: tous deux reconnaissent que depuis le début de cette nouvelle législature en 2021, la relation entre le Conseil communal et la Municipalité s’est détériorée, ce qui a eu pour effet d’abîmer progressivement leur motivation. Et lorsque l’on sait la charge importante assumée par tout(e) municipal(e) au sein d’un exécutif, on peut aisément comprendre que sans le carburant de l’enthousiasme, on a davantage de difficultés à aller de l’avant. «Quand je me suis engagé politiquement, je désirais mettre simplement mon énergie au service de ma commune, explique M. Zufferey. Je ne désire pas faire de la politique politicienne, mais travailler avec toutes les bonnes volontés, d’où qu’elles viennent, pour le bien de notre bourg. Après deux ans au sein de l’exécutif, je constate que Conseil et Municipalité parviennent plus difficilement à œuvrer de concert. Résultat: je ne prends plus autant de plaisir à assumer ma tâche et je préfère en tirer maintenant les conséquences, en laissant la place à quelqu’un d’autre.»
Devenu municipal, l’ancien président du Conseil communal qu’est Philippe Zufferey a repris la responsabilité d’un large dicastère incluant les bâtiments communaux, la police des constructions, l’informatique, la défense incendie, la protection civile et les sports. Après vingt mois d’activité, il fait le constat dans le communiqué que «la grande diversité des sujets de son dicastère ne me permet pas d’aller au fond des choses à ma satisfaction, ce que je trouve assez frustrant et qui me pèse de plus en plus». Contacté par nos soins, il s’est dit «heureux d’avoir pris cette décision, qui va me per-mettre de recentrer mes priorités vers davantage de temps pour ma vie personnelle.»
Du côté de Bernard Ebener, vice-président de la Municipalité, c’est un mandat de douze ans qui se termine. «C’est en fin d’année dernière que j’ai a décision de quitter le collège municipal durant cette troisième législature», dit-il. Actuellement en charge d’un gros dicastère comprenant la protection de l’environnement et le développement durable, le traitement des déchets, les transports et la mobilité, les parcs, domaines et forêts, M. Ebener aspire à se distancer de la vie politique et à se consacrer à sa famille et ses loisirs, selon les termes du communiqué. «Je relève toutefois la bonne entente et l’esprit de collaboration qui règnent au sein du collège municipal et avec l’administration. Cela dit, j’estime que c’est le moment de faire appel à de nouvelles forces pour maintenir une qualité de services à la hauteur des attentes de la population».
De vifs remerciements
Toujours dans ce communiqué, la syndique Valérie Induni se fait l’ambassadrice des Autorités de la Ville de Cossonay pour «les remercier vivement tous deux pour leur engagement et le travail accompli. La Municipalité et l’ensemble du personnel communal leur adressent les meilleurs vœux pour une prochaine étape de vie sereine, épanouissante et en santé.»
Bernard Ebener et Philippe Zufferey vont poursuivre leurs actions et accompagner les nom-breux projets lancés jusqu’à fin juin. Quant aux dates retenues pour l’élection complémentaire qui aura lieu d’ici-là, elles seront fixées par la Préfecture et seront communiquées au plus vite.
Pascal Pellegrino
COMMENTAIRE
Est-ce la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ?
Les deux municipaux qui annoncent leur démission aujourd’hui sont aussi ceux qui se sont vus «chahuter» par le Conseil communal du 12 décembre 2022, au moment du vote du budget 2023. Rappelons que, lors de cette séance, la Commission des finances a proposé deux amendements, visant tous deux à ne pas accepter l’augmentation de budget souhaitée par la Municipalité.
Dans le premier compte concerné, Agenda 21 (développement durable – dicastère de Bernard Ebener), la somme refusée s’élevait à CHF 228’510.-, servant notamment à l’engagement d’un(e) responsable de la durabilité au sein de la Commune; dans le second compte concerné, à savoir le Service Informatique (dicastère de Philippe Zufferey), la somme refusée était de CHF 87’200.-, servant à moderniser le parc informatique et améliorer la sécurité de celui-ci.
Selon le langage populaire, les deux municipaux ont donc dû «défendre leur bifteck» et, au final, l’augmentation de budget a été refusée pour le compte Agenda 21, tandis qu’elle a été acceptée pour le compte Service Informatique.
Est-ce la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et qui a provoqué ces deux démissions? On n’ira pas jusqu’à l’affirmer, en revanche, il faut reconnaître que cette péripétie a dû assombrir encore davantage le ciel (déjà chargé de nuages) de la collaboration nécessaire entre le Conseil communal et le collège municipal de Cossonay. Les politicien(ne)s de nos régions ne sont pas des professionnel(le)s, par conséquent lorsque leur plaisir à rendre service à la communauté est entravé régulièrement, il semble logique qu’ils (ou elles) jettent l’éponge.
Reste que ces deux démissions d’élus du parti CossEntente ouvrent le jeu pour la future élection complémentaire. En effet, on voit mal le parti Ensemble pour l’Ouverture – EPLO (regroupant la gauche et l’écologie politique) ne pas présenter de candidat(e).
Si l’on fait un rapide état des lieux, on constate que le groupe CossEntente possède 56,4% des sièges au Conseil et 60% des sièges à la Municipalité; le PLR possède 11,3% des sièges au Conseil et 20% des sièges à la Municipalité; enfin EPLO possède 32,3% des sièges au Conseil et 20% des sièges à la Municipalité. Ce dernier groupe étant proportionnellement le moins bien représenté à l’exécutif, il est probable qu’il souhaite un rééquilibrage. Affaire à suivre, comme on dit…
Pascal Pellegrino