« Je ne sais pas trop où je vais, mais j’y vais ! »

En février, sortait aux éditions Alice Jeunesse le livre «Un instant de silence», sensibilisant le jeune public aux questions de migration. Juliette David en a été l’illustratrice. «Un travail qui m’a été proposé juste après l’obtention de mon Bachelor à l’école d’art Ceruleum de Lausanne. Une offre qu’on ne peut pas refuser, mais qui m’a fait un peu hésiter vu son ampleur!», explique-t-elle dans un bistrot de la place Pépinet, non loin de la librairie où elle travaille. Deux ans de labeur quasiment en solitaire – Covid oblige, l’auteure en France et la maison d’édition en Belgique –, un contraste saisissant avec les cours de l’école d’art où les profs sont présents et les interactions avec les camarades motivantes.

Une période de questionnement pour Juliette qui a travaillé essentiellement dans la maison familiale de Chavannes-le-Veyron, endroit où elle a passé ses vingt-quatre premières années.

Dans son processus de création, elle adore la recherche d’idées après plusieurs lectures du texte. «C’est la partie qui fuse le plus. Un mot, une phrase ou une poésie amènent une image, puis les suivantes. Après, je pose des couleurs, créant ainsi les diverses ambiances. Ensuite, j’ai une phase de doute. Mais généralement, après quelques ajustements, la première idée reste la bonne». Juliette n’utilise quasiment pas l’ordinateur pour ses créations, préférant le papier, les couleurs, les pinceaux et l’aquarelle. «L’écran met une distance: j’aime avoir ma palette et faire mes essais directs.»

Au moment où elle a eu le bouquin entre les mains, elle l’a ouvert dans un grand silence, partagée entre un sentiment de joie et celui où elle découvrait ce qui aurait pu être meilleur. «Je l’ai laissé une semaine de côté et je l’ai à nouveau regardé en prenant du recul, ce qui m’a apaisée. J’ai pu alors le laisser partir et passer à autre chose.»

Ses animaux la motivent

De son enfance entourée d’animaux et de nature, Juliette retient, entre autres, ce qu’elle appelle «les journées Chavannes-Plage où nous étions tous les cousins, frères, sœurs, copains, copines à nous prélasser dans la piscine familiale et à manger des gâteaux. Des après-midi d’enfance banales, mais qui me portent encore».

À cette époque, le dessin est déjà omniprésent chez elle, tout comme un intérêt marqué pour la musique et le théâtre pratiqué à La Chaux. Et l’école? «Bof, ado assez distraite, ce n’était pas trop ça. J’ai compris seulement lors de ma dernière année au Gymnase pourquoi je faisais des études», poursuit celle qui déclare se mettre aussi beaucoup de pression, «même si ça va mieux maintenant».

Après son diplôme gymnasial, Juliette est restée une année dans le flou, refusant initialement de se lancer dans le dessin, presque par opposition avec ce que les autres imaginaient pour elle. Finalement, elle n’a pas regretté, au contraire! Résidant actuellement dans «une super colocation à huit personnes, j’apprécie passer du bon temps et les moments d’échange avec les autres. D’ailleurs, au début, c’était impossible pour moi d’être à l’heure aux rendez-vous. Maintenant, j’ai des stratégies pour m’échapper», ajoute-t-elle dans un sourire.

Trouver un lieu

Juliette souhaite trouver un équilibre durable entre la nécessité d’effectuer des jobs alimentaires et d’exercer ses talents d’illustratrice. Pour elle, le top serait d’envisager des collaborations dans le dessin de presse, le graphisme et l’événementiel. Avec plusieurs connaissances, elle évoque l’idée de trouver un lieu où se mêleraient vie personnelle, activités professionnelles, local pour des expos, soit une grande liberté! «Finale-ment, pour résumer, je ne sais pas trop où je vais, mais j’y vais!»

Claude-Alain Monnard

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