« Je tiens à rester fidèle à mes valeurs »
Fin août, il a donné un concert de guitare acoustique dans la Grange de Nane, à La Chaux, reprenant des pièces de son récent album intitulé Polar Eclipse, inspiré par le changement climatique, thème qui le «tracasse énormément». «En arrivant au Québec, je suis devenu toujours plus sensible à ces questions environnementales, et, par la musique, j’en profite pour faire passer des messages», explique Florian Grobéty, dont le parcours est assez «hors norme». En effet, ayant grandi à Pampigny, il évoque une enfance assez classique, fréquentant l’école du lieu, puis celle de Beausobre et enfin le Gymnase de Marcelin.
Le sport compte beaucoup pour lui, le foot, le badminton et la gymnastique avec l’envie secrète de pratiquer le trampoline.
Un peu plus tard, il s’inscrit à l’Ecole de Cirque de Lausanne. Egalement passionné par la musique, il découvre la guitare basse ainsi que la cornemuse écossaise. Au terme de son Gymnase, il décide de cesser les études et de se consacrer à fond pour tenter de donner une chance au groupe Hotroad dans lequel il joue. «L’idée était d’essayer de percer dans le metal, mais c’était compliqué. Et, étonnamment, j’avais plus d’offres de concerts individuels avec la cornemuse!»
Après quatre ans de cette vie, il rejoint l’Ecole de Cirque de Québec où il se perfectionne en roue Cyr, trampoline, jonglerie et planche sautoire. Il a ainsi l’occasion d’allier musique et acrobaties, participant à nombre de spectacles et tournées avec différentes compagnies. «Cette formation m’a ouvert plein d’opportunités, notamment en Finlande où, en travaillant à Helsinki, j’ai découvert le pays, les gens, la culture, les grands espaces et rencontré mon ex-copine, des raisons pour lesquelles j’habite désormais à Lappeenranta!»
«Au quotidien, je ne parle pas beaucoup, j’observe, j’écoute et je fais. En général, je crois être assez positif et enthousiaste. Il y a quelques années, j’avais tendance à être trop impulsif, mais j’ai travaillé là-dessus», constate, dans un sourire, celui qui aime se promener dans la nature, tailler des objets en bois, faire de la linogravure ou tricoter, hobby découvert suite à une fracture de cheville limitant ses activités. «C’est drôle, au Gymnase, j’étais en option Arts visuels, afin de ne pas avoir trop de devoirs! Maintenant, beaucoup de choses apprises à l’époque me sont utiles, notamment la photo et la vidéo.»
Il s’efforce aussi de faire preuve de transparence en disant le fond de ses pensées, même si ça heurte d’autres personnes. La notion de respect global constitue un de ses principes de vie fondamentaux.
Finis les trajets en avion !
Chaque fois qu’il revient en Suisse, il est interpellé par le bétonnage et la «diminution» de la nature. «À continuer ainsi, on va de plus en plus dans le mur», ajoute celui qui a décidé de renoncer dorénavant à l’avion, «car travailler dans le cirque implique des voyages incessants. Donc, cette année, j’ai commencé à refuser des contrats qui étaient éloignés ou trop longs, entraînant des difficultés financières.» Une posture assez radicale lui faisant dire que «si la musique marche, tant mieux! Autrement, comme j’ai suivi une formation en design de bâtiments écologiques, je me dirigerai vers quelque chose de plus concret pour combattre le changement climatique.»
Durant la rencontre, on sent sa fibre écologique à fleur de peau, son besoin d’expliquer et de convaincre, sa prise de conscience aussi de toutes les réticences et obstructions que cette position entraîne, «mais voilà, je tiens à rester fidèle à mes valeurs».
Claude-Alain Monnard