Simplifions. C’est l’histoire d’un jardinier amateur qui en a assez que des insectes dévorent ses cucurbitacées. Aussi, décide-t-il d’acheter des gastéropodes dressés pour tuer ces petites bêtes. Sauf que, le vendeur, ayant négocié un pacte avec le diable lui permettant de devenir syndic, les escargots créent une énorme saucisse au milieu du potager de ce pauvre jardinier, laquelle saucisse donne un signal aux habitants de la planète Charcuterie d’envahir la planète terre. Grâce à l’intervention de Vladimir Poutine, de Guy Parmelin et d’un représentant de la principauté du Liechtenstein, l’ennemi est repoussé sur sa lointaine planète. S’ensuit une guerre entre la Russie et le Liechtenstein, à laquelle Guy Parmelin tente de mettre un terme en chevauchant un ptérodactyle. À la fin, le ptérodactyle lâche une énorme bouse sur la terre, synonyme de fin du monde.

Voici, éludé de quelques détails, le récit endiablé de «Pain Surprise» par Blaise Bersinger, présenté le 7 octobre au théâtre du Pré-aux-Moines à Cossonay. La veille, avait lieu un autre spectacle, avec une histoire différente en tous points. Différente, car chacune de ses prestations d’un peu plus d’une heure a été savamment improvisée à partir de mots glanés dans un public. Créant de toute pièce des événements loufoques, des situations cocasses et des chansons foldingues, le performeur nous fait tourner en bourrique pendant plus d’une heure, si bien que l’on finit le spectacle à peu près aussi essoufflés que lui.

Cette approbation, ces éclats de rire, cette connivence avec l’artiste, je me l’explique en regardant ma belle-fille de 9 ans jouer avec ses doudous. Comme bien des enfants de son âge et contrairement à nombre des gens du mien, je vois en elle une capacité incroyable à créer des histoires, à inventer des mondes et des personnages, en se fichant de savoir si tout cela a un sens. C’est avec cette même énergie, cette même envie, ce même entrain que Blaise Bersinger nous fait voyager dans son univers absurde, à la frontière entre Ionesco et Pérusse. L’humoriste fait appel à des souvenirs enfouis en nous, à des réminiscences enfantines qui nous rappellent que chacune et chacun, nous avons été un jour des inventeurs d’histoire, aussi farfelues que délirantes. Tout adultes que nous sommes, nous avons encore en nous cette part d’amusement qui est essentielle à une vie saine et équilibrée. Et si nous profitions de ces instants de jeu, de folie et d’innocence pour réenclencher chez nous une créativité dissimulée?

Grégoire de Rham

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