Samedi 30 juillet, Daniel et Véronique Lüthi sont fidèles au poste, derrière leur étal, accueillant leur clientèle. Seule différence par rapport aux innombrables jours d’ouverture durant leurs 42 ans d’activité: aujourd’hui, ils cessent leurs activités de boucherie-charcuterie et service traiteur. C’est aussi une page importante qui se tourne pour le bourg sarrazin. En effet, comme le disait un client (contemporain de l’auteur de ces lignes!): «Quand nous étions enfants, il y avait quatre boucheries en ville. Notre maman allait faire ses courses dans les quatre, car chacune avait ses spécialités: les inimitables pâtés de chez Steiner, le bœuf chez Develey, le porc chez Thonney et les saucissons chez Lüthi! Et voilà qu’on ferme la dernière, c’est triste!»
De banque à boucherie
Mais l’aventure des Lüthi est pleine de sel! C’est le 1er mai 1960 que Robert et Andrée Lüthi ont quitté leur commerce d’Yverdon pour ouvrir leur boucherie à La Sarraz. Par la suite, leur fils Daniel quitte son apprentissage d’employé de banque pour seconder ses parents; après avoir fait deux ans de stage en Suisse alémanique et travaillé une année dans une grande boucherie, il les rejoint. Les années 1985-1986 furent des années fastes: mariage de Daniel avec Véronique, obtention de la maîtrise et naissance de leur premier fils. Véronique qui était décoratrice-étalagiste a appris le métier sur le tas avec son beau-père, dont on se rappelle qu’il avait toujours le bon mot pour faire rire la clientèle.
La qualité de leur production fut reconnue par plusieurs labels, notamment pour leurs saucisses aux choux et leurs saucissons vaudois. Robert tira son crayon sur l’oreille en 1988, remettant le commerce au jeune couple.
Daniel et Véronique prennent alors plaisir à le développer, notamment en augmentant la gamme des produits et en mettant en place un service traiteur. Très proches de la population sarrazine et régionale, ils ont toujours bien joué le jeu avec les sociétés et les activités sociales, ce qui fut fort apprécié.
Formation d’apprentis
Durant leur carrière, ils formèrent en outre une dizaine d’apprentis. Mais ils n’imposèrent pas à leurs deux fils de choisir ce métier, par respect de leur liberté, et aucun des deux ne fut tenté par cette branche.
Leur fidèle employé Armando, qui a œuvré 22 ans à leur service, aurait pu reprendre le commerce, mais il a finalement choisi un autre projet. La remise de la boucherie a été tentée par d’autres moyens, mais jusque-là sans succès. Daniel Lüthi ne perd pas l’espoir et souhaite vivement que cette enseigne puisse rouvrir prochainement. Mais dans l’immédiat, il va poursuivre une autre activité dont il est aussi passé maître dans l’art au fil des ans: la libération bioénergétique du péricarde.
Souhaitons une heureuse retraite bien méritée à Daniel et Véronique Lüthi et remercions les pour leur excellent travail tout au long de ces années!
Texte et photo Pierre-Alain Pingoud