En mars 2020, il prend l’initiative de créer l’association Forum Venoge avec pour objectifs de proposer à la population de la région des événements culturels, des conférences et des débats publics sur des sujets d’actualité. Parmi quelques moments clés, citons, entre autres, des entretiens avec Nuria Gorrite ou l’acteur Vincent Perez, le thème des avions de combat, une exposition de tableaux de l’artiste Roxane Depardieu, une vidéoconférence consacrée à l’Afghanistan, ou une journée traitant de la cybercriminalité et des moyens de s’en défendre.
Aux «manettes» de ce Forum Venoge, Maxime Girod, un gars qui a grandi à Penthaz et qui garde une grande fierté vis-à-vis de son village. «Gamin, le mercredi après-midi, j’allais toquer à la porte de la Cinémathèque pour avoir des affiches. Et puis, Vincent Perez vient de Penthaz et l’actrice Madeleine Robinson y a aussi vécu.»
Au fil de la discussion, on se rend compte de la trajectoire assez inouïe de Maxime, une trajectoire où le mot «solitude» revient souvent. «J’ai toujours été dans mon monde, dans mes rêves, pouvant passer des heures à regarder la nature, à me promener tout seul. À l’école, où j’ai été victime de nombreuses moqueries, je me suis énormément ennuyé. J’étais déjà loin, psychologiquement. Dans un sens, avec le recul, c’est tant mieux d’avoir été comme ça!», ajoute-t-il dans un sourire. En parallèle, il s’est lancé à fond dans la musique, jouant du tuba à un haut niveau et rêvant d’une hypothétique carrière professionnelle dans un orchestre de brass band en Angleterre ou de devenir journaliste. Mais des circonstances personnelles et les aléas de l’existence ont interrompu ses envies. Il s’est retrouvé en apprentissage de paysagiste, qu’il a cessé au bout d’un an, n’étant pas du tout manuel.
Un agenda fort chargé
S’assumant de manière indépendante, il a pris le chemin de l’usine aux Câbleries et à l’âge de 19 ans, un déclic s’est produit alors qu’il procédait à des rangements divers au boulot. «Veux tu continuer ainsi, toi qui n’as aucun diplôme?» La réponse étant négative, il a multiplié les heures supplémentaires afin de financer des cours du soir et des formations diverses. «Quand vous commencez à étudier, l’appétit vient en mangeant. En rencontrant des gens d’horizons différents qui m’ont poussé et fait confiance, j’ai avancé, obtenu un titre universitaire et surtout gommé les doutes qui m’assaillaient depuis l’enfance.» Actuellement, il travaille en tant qu’ingénieur en sécurité des infrastructures au sein de l’Office cantonal des bâtiments du canton de Genève.
Maxime Girod, sollicité de toutes parts, a un agenda fort chargé, «mais comme je suis célibataire et sans enfant, c’est gérable!».
Au moment de la rédaction de ces lignes, il est membre du Conseil communal et il occupe la fonction de président du Parti Libéral Radical local. «Néanmoins, je songe à démissionner de ces postes, éprouvant le besoin de voir autre chose et de me détacher de cette étiquette partisane.»
Placer les gens dans un tiroir et les catégoriser l’agace. «Il est important pour moi d’être neutre. Le Forum Venoge va dans ce sens: je voulais une manifestation où toutes les tendances se croisent.»
Joli carnet d’adresses
«Dans un forum, on peut évoquer des idées politiques, mais la notion de parti doit tomber. Seul l’individu parle en tant que tel et je crois que le pari est réussi», poursuit celui dont le carnet d’adresses est impressionnant, assurant ainsi certaine pérennité au Forum. Dans ce cadre, des rencontres s’avèrent passionnantes pour Maxime. Après sa venue en avril 2021, Roxane Depardieu l’avait invité chez elle. À un certain moment, attendant devant le portail d’entrée, mon interlocuteur a entendu klaxonner. «Roxane était dans sa camionnette, suivie d’une petite voiture blanche au volant de laquelle se tenait un personnage imposant: Gérard Depardieu. «Alors, c’est toi le Suisse? Il paraît que tu apprécies le rouge!» Il m’a donné de main à main deux de ses bouteilles qui ont ainsi toute une histoire. Puis le lendemain, il m’a invité pour un repas chez lui. Ce fut assez impressionnant!»
Claude-Alain Monnard