Ils se prénomment Arthur, Perceval, Merlin, Lancelot, Silbury, Avalon et ils sont les six lamas et alpagas dont Pamela Gruaz s’occupe quotidiennement. Ces animaux viennent de Suisse et ont été sélectionnés pour leur caractère et par rapport à leur élevage. «Nos petits camélidés ont gardé en eux leur propre nature et on tient à préserver cela. Se balader avec eux est la forme la plus évidente d’apprendre à les connaître», déclare mon interlocutrice qui a commencé à s’occuper d’animaux il y a une trentaine d’années. Tout d’abord avec des chats et des chiens, puis avec le désir d’en savoir davantage, elle a suivi d’autres formations avec les rongeurs, oiseaux, reptiles, poissons et batraciens.

Son parcours l’a fait travailler auprès d’éleveurs, de milieux vétérinaires, en magasin et en animal thérapie. «À un certain moment, j’ai rencontré ces petits camélidés et leur présence sereine, leur envie de partage, leur attitude et leur besoin d’espaces m’ont fait succomber!»

Quand Pamela et son mari ont eu l’opportunité d’avoir un terrain à disposition pour en installer, ils ont fait le grand saut. «Je voulais créer une plate-forme animalière intimiste et qui ait du bon sens. Le bouche à oreille a ensuite fonctionné, des offices du tourisme nous ont contactés et on a alors fondé la micro-entreprise Lampaga il y a huit ans. On organise pour le public des randonnées et autres activités qui peuvent se moduler et s’adapter aux groupes et aux circonstances.»

Ses camélidés, Paméla les décrit comme des animaux qui nous apprennent à retrouver notre émerveillement. «Ils sont une sorte d’exception au niveau de la zoologie, de la science, des soins ou du comportement. À part la fuite, ils n’ont aucun moyen de défense, ils vont éviter le conflit à tout prix. En tout cas, ces animaux exceptionnels et intuitifs nous suggèrent de porter un regard nouveau et personne ne rentre indifférent lors d’une telle rencontre.»

À titre personnel et avec pudeur, Pamela évoque une enfance compliquée faite de «déménagements incessants autour de la planète en compagnie de ma génitrice», pour reprendre ses propres termes. «Je suis revenue en Suisse à l’hiver 1985 en provenance d’Israël. Et ma langue maternelle n’est pas le français.» Cependant, ces années «a priori négatives» font partie d’elle. «Je ne cherche pas à les oublier et peut-être que sans elles, je ne serais pas celle que je suis devenue.»

À l’adolescence, elle s’est prise en charge personnellement et a développé ses aptitudes au respect et à la bienveillance, tout en aspirant à une forte envie de calme et de sérénité. Elle se décrit comme une personne éprouvant le besoin de suivre des principes de vie stricts et de mettre de l’émotion et du sentiment dans ce qu’elle fait. «J’ai l’art de ne pas m’énerver – une qualité et un défaut – et les contradictions me poussent à tourner vite la page. Cette façon me permet de m’en sortir.»

Ba-lama-des dans la nature

À court et moyen terme, elle souhaite que ses proches poursuivent leur évolution positive. «Sur le plan professionnel, Lampaga se trouve au bord du précipice. Je travaille sans salaire et, à la longue, ça devient très difficile. Que faire? Augmenter les tarifs ou les activités? Pistes qui vont à l’encontre de nos principes… Nous allons devoir prendre une décision dans le couvrant de l’année», explique-t-elle de manière franche.

La discussion se poursuit sur la «marche du monde», ses injustices, ses faux-semblants, ses drames et ses joies. Pamela garde ainsi une forme d’espoir dans l’humanité que chacun porte en soi. Et puis, elle se réjouit énormément «de voir ces sourires et ce changement de regard chez quelqu’un au contact de nos animaux!» Ce qui justifie une phrase qu’on peut lire sur le site de Lampaga: «Et si la sagesse commençait dans l’émerveillement?»

Claude-Alain Monnard

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