Les familles d’artistes sont légion dans la longue histoire des arts. Des frères Goncourt aux Jackson Five en passant par Camille et Paul Claudel, il est bien des adelphes qui se sont retrouvés ensemble l’espace d’une représentation, d’un album, d’un film parfois même d’une carrière.

On ne sait ce qu’il en sera de Michel et Tom Tirabosco après «Dessine-moi un concert», produit le dimanche 16 janvier au théâtre du Pré-aux-Moines. On ne peut qu’espérer que cette collaboration se poursuive dans les années à venir. L’alliance n’était pourtant pas des plus simples. Car, si Michel est un virtuose de la flûte de Pan, c’est dans le neuvième art (bande dessinée) qu’ex-celle son frère Tom.

Un mélange de sens

Concilier l’œil et l’oreille, voilà un défi bien périlleux qui ne semble pourtant pas effrayer les deux compères qui font de leurs différences un concept à eux seul: le concert dessiné. Chacune des seize pièces musicales y est ainsi accompagnée d’un dessin improvisé en direct par Tom Tirabosco. Ce dernier est projeté en grand sur un écran que l’on voit se développer au fil des notes. De son côté, Michel, accompagné tout en force et en finesse par l’ensemble Ad Libitum, assure la présentation et les solos virtuoses.

D’Astor Piazzolla à Nino Rota, le bédéiste navigue entre un calme qui semble olympien et une rapidité d’exécution qui force le respect. Un mouvement de mains si fluide qu’il en devient presque chorégraphique, les doigts virevoltant au son des cuivres et du bois, préfigurant déjà l’arrivée sur cette même scène du Ballet Béjart la semaine suivante… Dans un art qui, selon les dires de l’artiste, ressemble furieusement à celui de la dédicace, on passe d’un dessin réaliste à un autre plus absurde, de deux amants qui s’enlacent à la figure patibulaire d’un mafioso sévère. Bien souvent, plus qu’un dessin, c’est une histoire qui se déroule sous nos yeux, Tom Tira-bosco n’hésitant pas à jouer avec nos nerfs en renforçant çà et là l’émotion d’un personnage, ou en faisant apparaître un visage au milieu d’un bouquet de fleurs.

Michel Tirabosco, de son côté, n’est pas en reste et nous nous garderons bien de lancer un combat de coqs entre les deux frères. Que ce soit dans ses prouesses musicales ou dans la bonhommie de sa présentation, il parvient à merveille à compléter l’espace laissé libre par son frère. Un équilibre savamment dosé, que peu de duos seraient capable de mettre en place. Nombreuses seront les fratries qui jalouseront une si parfaite complétude…

Grégoire De Rham

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