Doit-on écrire « en suspend » ou en « suspens » ?
Il n’est pas rare en français de mal orthographier un nom en se fiant à la manière d’écrire le verbe dont il découle. C’est le cas de suspendre et du nom associé: écrit-on «en suspend» ou «en suspens»? La locution désigne ce qui est suspendu, momentanément arrêté, ou en suspension. Elle s’écrit donc toujours avec un «S» final et non pas avec un «D» final, car ce mot n’est pas en relation directe avec la troisième personne du singulier du verbe suspendre (il suspend). Ne les confondez pas!
Quelle est la différence entre «subit» et «subi»?
Subi et subit sont des homophones, c’est-à-dire des mots dont la prononciation est identique, mais le sens, différent. «Subi», qui est le participe passé du verbe subir, signifie «enduré», «supporté» ou «éprouvé», selon le contexte. Le verbe subir est emprunté au latin subire, littéralement subire, « aller sous ». Par exemple: Les arbitres ont subi (enduré) les injures des partisans. Ou: René s’est vite remis de l’opération qu’il a subie (supportée). Ou encore: Les pertes subies (éprouvées) par notre entreprise nous obligent à supprimer des emplois.
«Subit», quant à lui, est un adjectif qui signifie «soudain, brusque, qui arrive tout à coup». Il vient de l’adjectif latin subitus, lui-même formé à partir du participe passé du verbe subire, et qui signifiait «qui vient sans être vu». Subitus a également donné l’adjectif «soudain» et l’adverbe «subito (presto)», dans lequel le «T» est encore bien présent.
Notons que le «T» de subit ne se prononce pas lorsque ce mot est masculin. Exemple: Son décès subit a surpris tout le monde. Ou: L’activité a été annulée à cause du changement subit de température. Ou encore: C’est une envie subite qui nous a pris.
GISÈLE DROUX
Qu’appelle-t-on « Un vieux de la vieille » ?
Un vieux, on sait ce que c’est, même si l’âge à partir duquel on le devient reste imprécis. On peut assez logiquement supposer qu’un vieux est marié avec une vieille. Mais s’agit-il bien de la vieille du vieux dont il est question dans cette expression? Eh bien non! S’il n’y a aucun doute sur le «vieux», il est certain que la «vieille» de cette expression ne désigne pas ici sa moitié. Cette locution, qui date du XIXe siècle, est en effet une version courte de «un vieux de la vieille garde», car c’est bien de soldats d’une garde qu’il est question ici. Mais quelle garde, me dira à juste titre celui qui a suivi jusqu’ici? Car la France en a connu de nombreuses. Il s’agit en fait de la garde impériale créée par Napoléon Ier en 1804, composée d’environ 100’000 hommes, c’était une troupe d’élite divisée en une vieille, une moyenne et une jeune garde.
Une fois l’empereur déchu, les anciens qui racontaient leurs exploits aux plus jeunes étaient appelés «les vieux de la vieille (garde)». Avec le temps, ces soldats ayant été oubliés, les vieux de la vieille a fini par désigner des vétérans ayant beaucoup d’expérience dans leur profession ou un domaine particulier. ■
Mot d’auteur
« Tout à l’heure, j’ai déploré de mourir en pleine santé. Maintenant, je trouve bon de mourir ainsi. Je vais pouvoir vivre la mort à fond, l’embrasser de ma jeunesse. J’ai enfin atteint l’état espéré : l’acceptation. Mieux : l’amour du destin. J’aime ce qui m’arrive. J’aime jusqu’à l’absolu de mon ignorance. N’est-ce pas la juste manière d’entrer dans la mort ? »
Citation de «Premier Sang» – Amélie Nothomb (Prix Renaudot 2021).