Début mai 2021, la Laiterie-Fromagerie de La Chaux va de nouveau être habitée. Ce ne sera plus pour y faire du vacherin ou du gruyère, mais pour y accueillir de nouveaux résidents: ce bâtiment gardera sa forme extérieure traditionnelle, à quelques détails près. C’est à l’intérieur que tout va changer. La Commune a fait construire six appartements de 3 pièces et demie d’environ 70 m2, dont deux situés dans les combles et qui sont équipés d’un balcon. «Pour l’équilibre des finances communales, on souhaite vendre deux appartements et louer les quatre autres, indique le municipal Jean-François Guex. Notre but n’étant pas de faire un bénéfice sur la vente, on a fixé le prix à moins de CHF 500’000.-. L’un des deux appartements est déjà presque adjugé et on espère vendre l’autre bientôt. Pour les locations, deux logements ont déjà trouvé preneurs.»
Cette rénovation totale – représentant un fort investissement financier pour la commune –, fut envisagée en 2017, au moment où la Société de laiterie de la Chaux a exprimé le désir de vendre cette maison sur trois niveaux et un sous-sol. Préserver « l’ADN » de La Chaux En août 2017, La Commune a fait savoir son intérêt à l’acheter (pour un prix de CHF 710’000.-). «À nos yeux, il s’agissait d’abord de ‘préserver l’ADN’ du village, poursuit Jean-François Guex. Cette maison a une valeur sentimentale, historique et architecturale. Comme elle n’est pas classée monument historique, on craignait qu’un promoteur privé en fasse quelque chose qui dénature sa typicité. Et puis, il y avait aussi une volonté sociale de proposer les logements abordables au centre du village pour de jeunes couples par exemple.»
L’histoire de la Laiterie-Fromagerie de La Chaux commence avec sa construction en 1890. Pendant 120 ans, on y a fait du du Gruyère AOP avec le lait des producteurs locaux et des villages avoisinants. On y a fait aussi du vacherin Mont d’Or; la production de cette spécialité était réputée alentour ainsi qu’au-delà des frontières: chaque semaine, des vacherins de Philippe Dousse étaient expédiés au Japon, au Canada et aux USA! Mais l’évolution des normes sanitaires a fini par avoir raison des caves à fromages; celles-ci n’étaient d’ailleurs plus utilisées depuis une dizaine d’années. À ce propos, précisons que ce lieu, situé en sous-sol, va être aménagé petit à petit en carnotzet, en bouteiller communal et en salle de réunion pour les sociétés locales (avec une entrée indépendante par rapport à celle des six appartements).
Nouvelle Place des Pâquis
Autre difficulté: il était trop contraignant de maintenir un site de production à cet endroit; il générait une activité bruyante dès potron-minet et les nuisances sonores étaient peu compatibles avec la quiétude à laquelle aspirent les villageois… La Société de fromagerie de La Chaux a donc fusionné avec celle de Grancy en 2015 pour devenir la Société de fromagerie de l’Etraz à Senarclens. Son but? Créer une nouvelle fromagerie où quelque 3,6 millions de kilos de lait seront transformés en Gruyère AOP (et 200’000 kilos en spécialités). Les travaux de cette future réalisation, subventionnée par la Confédération et le Canton, devraient (enfin) débuter à l’automne prochain pour une ouverture espérée au début de 2023.
L’autre modification d’importance générée par cette rénovation, c’est le nouveau tracé des routes menant au «centre historique» du village. En effet, le principal chemin ne sera plus la Rue des Pâquis, mais la Rue de la Laiterie. Le tracé de la Rue des Pâquis sera détourné dans son premier tiers pour rejoindre les places de parc des six nouveaux appartements, puis la Rue de la Laiterie. «Le but est de sécuriser encore davantage cette zone villageoise, conclut M. Guex, et de créer une zone de détente, où l’on pratiquera du volley, on s’amusera à la place de jeux, on se posera sur les gradins naturels de la plage renaturée du Veyron, en y mangeant une grillade. De plus, pour les futures manifestations aux Pâquis, des infrastructures électriques, eau potable et eaux usées seront mises à disposition des utilisateurs.»
Pascal Pellegrino
