Pour cette seconde partie de notre reportage consacré aux années basket, nous avons interrogé trois témoins: d’abord le président du club Yssam Ben Khelifa, puis une personnalité qui fut liée au club: Roby Guignard. Et enfin une figure du BBC, Gilles Delessert (joueur, responsable technique, entraîneur et coach).
Au terme de la saison 2014-2015, lors de l’assemblée générale, le comité, formé de mamans de joueurs qui s’étaient investies pour le club, avait décidé de se retirer. À ce moment-là, pour des raisons de contingent et de finances, l’équipe masculine du championnat de première ligue avait dû être retirée. «Désirant promouvoir le BBC et ne pas laisser de vide, j’ai proposé ma candidature au poste de président», explique Yssam Ben Khelifa.
Superbe match de gala
En regardant en arrière, il relève avec plaisir deux événements fort positifs: les demi-finales du championnat suisse 2017/2018 de l’équipe féminine évoluant en Ligue Nationale B, ainsi que le match de gala du 80ème anniversaire du club réunissant les meilleurs joueurs suisses et étrangers de notre pays. «Par contre, une grosse désillusion a été le retrait de notre équipe de filles à moins de deux mois de la reprise du championnat 2018/2019. Suite à la démission inattendue du coach, plusieurs joueuses nous ont aussi fait part de leur souhait d’arrêter ou d’aller dans un autre club.» Assez régulièrement, le comité a tenté de mettre en place de nouveaux projets qui se sont essoufflés après quelques mois à cause d’un manque de régularité des initiateurs et des acteurs centraux.
Basket féminin à développer
Actuellement, le club compte une équipe féminine en deuxième ligue, une masculine en troisième ligue et une qui joue pour le plaisir. Cinq formations évoluent dans les catégories juniors et enfants. «La difficulté est d’assurer des contingents suffisants. Les jeunes sont attirés par plusieurs activités et ils ont de la peine à s’investir sur la durée. En U9 – U11, nous commençons à avoir régulièrement des équipes bien fournies et le gros point positif est d’avoir trouvé un groupe d’entraîneurs stables depuis deux ou trois ans. Donc, un grand merci à eux! Le but principal sera la promotion de notre sport et, dans ce but, nous comptons mettre en place des entraînements d’initiation. Nous désirons aussi développer le basket féminin, actuellement en perte de vitesse, car il y a un bon potentiel dans la région.»
Au niveau de la gestion du club, le comité va se réorganiser et Yssam est persuadé qu’une nouvelle dynamique émergera. Une révision des statuts, une mise en place d’un organigramme détaillé, un remodelage du site Internet et une accentuation de la communication sont au programme. Et puis, le président parle de son désir de rétablir des contacts avec des anciens qui auraient pu se sentir lésés d’avoir été quelque peu oubliés. «Nous nous devons de ne pas oublier le passé du club et faire le maximum pour avancer tous ensemble», affirme le président, se déclarant malgré tout très confiant pour la suite et qui espère «pouvoir redonner un peu de couleurs au BBC et l’installer à une meilleure place sur la carte du basket vaudois.»
Roby Guignard a débuté le basket à l’âge de 13 ans en 1957 sous l’impulsion de son beau-frère Roger Filliettaz. «On ne pouvait pas commencer avant, aucune catégorie n’existait pour les plus jeunes. La première année, on est sortis bons derniers, alors qu’on croyait savoir jouer! Contre Vevey, une défaite de 98 à 4 reste encore dans mon esprit. Mais, pour les quatre points marqués, on s’est congratulés comme pas possible!», relate-t-il en se marrant, ajoutant que son équipe avait fini deuxième l’année suivante, avant de remporter le titre, sans perdre un match, lors de la troisième saison. «Pour fêter l’événement, on avait décidé de se rendre à la Cabane des Bûcherons avec deux ou trois bouteilles dans nos sacs, du fromage et un caquelon pour déguster une fondue. Apprenant cette intention, les dirigeants nous avaient interdit ce projet vu notre âge. Mais on avait passé outre. En cours de soirée, le président et mon beau-frère sont venus nous rendre visite. Nous les avons invités à manger avec nous, et comme ils avaient soif, on a ressorti nos bouteilles, cachées préalablement, et ils ont trinqué avec nous avant de nous ramener à la maison!»
À 17 ans, Roby intègre les rangs de la «Une» et y joue une vingtaine d’années. Avec le recul, il estime que ce niveau de LNB n’était pas «terrible» et il se demande encore comment il avait été possible, qu’avec un seul entraînement par semaine, «on ait réussi à faire deux finales pour tenter de monter en LNA!».
En évoquant les matchs disputés à la Cantine, il précise que la musculature souffrait: «C’était dur et on n’était pas suivis médicalement. Peut-être que cela a laissé des séquelles sur nos carcasses?» En parallèle à son parcours de joueur, Roby s’est impliqué aussi dans des fonctions de coach et d’entraîneur pour les tout jeunes.
Lors de l’épopée du club en LNA, Roby s’est mué en spectateur assidu. «Après la relégation due peut-être au fait qu’on a voulu vivre au-dessus de nos moyens, je suis devenu officiel à la table lors des matchs disputés à Cossonay.» Aujourd’hui, il s’est un peu éloigné du club et ne sait pas ce que le futur va réserver: «Cela dit, j’entends des propos positifs sur le comité se débrouillant comme il peut avec les moyens du bord qui ne sont plus comme avant». Et Roby de déclarer qu’il a éprouvé beaucoup de plaisir sur le plan sportif durant sa carrière. «Aller jouer un peu partout en Suisse crée des liens et des souvenirs, sans parler de l’ambiance parfois électrique lors des derbys contre Nyon à l’époque… Ça frottait pas mal en certaines circonstances!»
Gilles Delessert a été joueur de la première équipe, de la deuxième, responsable technique, entraîneur et coach des féminines. Il a aussi évolué sous d’autres couleurs, mais son cœur est toujours resté «bleu et blanc». Au moment d’évoquer quelques souvenirs, une date survient automatiquement, l’année 1993 synonyme d’ascension en Ligue Nationale A.
«Quelque chose d’inattendu s’était produit, même si on jouait le haut du tableau de LNB depuis quelques saisons déjà. Tout a bien fonctionné cette année-là, surtout lors du tour final promotion-relégation regroupant les quatre derniers de LNA et les quatre premiers de LNB. On fonctionnait à l’enthousiasme avec la capacité de se transcender et de présenter un jeu spectaculaire. De plus, le mélange entre joueurs expérimentés et jeunes talentueux a bien fonctionné.»
L’apport du public s’était avéré aussi décisif et il était dur pour les adversaires de venir gagner à Cossonay. Le club n’avait personne à la présidence et la décision de tenter l’aventure en LNA a été prise entre les joueurs, l’entraîneur Jean Fernandez et Margrit Oppliger. Ils se sont lancés, de manière super, «puisqu’au terme de la saison 93- 94, on a fini troisièmes, ce qui était extraordinaire pour un promu et en fonction des moyens modestes dont on disposait. Cossonay était The Place To Be au niveau du basket vaudois. Le public était nombreux et tout nous réussissait. On a mis un moment pour gagner notre premier match, mais ensuite on a enchaîné une belle série!», dit-il. Ensuite, comme c’est souvent le cas quand un «petit» grimpe dans l’élite d’un sport, il faut assurer, tant financièrement qu’en termes de joueurs et d’infrastructures. La suite s’est révélée ardue avec les conclusions qu’on connaît.
Des moments gravés à vie
Le basket féminin? Il ne fallait pas lui en parler jusqu’au soir où, responsable technique du club, il s’est trouvé à la salle, observant sept filles présentes, mais sans coach. Il a donc «dépanné», donné quelques entraînements et tout s’est enchaîné. «J’ai continué avec des générations exceptionnelles. Les progrès ont été constants, et les résultats sont arrivés. On est monté en première ligue, puis en LNB.» Et Gilles de constater que beaucoup de monde se fait une fausse idée du sport féminin, alors qu’il est gratifiant, même si le basket pratiqué est différent de celui des gars. «Les joueuses te suivent, t’écoutent et les messages passent bien.»
Avec le recul, Gilles reconnaît avoir vécu des moments qui resteront gravés à vie, tels l’ambiance générale, l’adrénaline des matchs, tous ces gens et ces rencontres que le sport génère. «Ce côté village et la proximité me touchent! J’en éprouve de la nostalgie… Et au-delà des résultats, subsiste aussi le message qu’on a pu transmettre sur le plan éducatif. Je suis fier du parcours de filles ayant évolué à un haut niveau. Et fier d’avoir aidé d’autres, le basket a constitué un échappatoire et, par ce biais, nous avons pu ainsi en aider à passer le cap délicat de l’adolescence.»
Reportage Claude-Alain Monnard
MERCREDI 24 FÉVRIER AU PAM – COSSONAY
INITIATION GRATUITE AU BASKET POUR LES FILLES DE MOINS DE 16 ANS
DE 17 H 30 À 18 H 30
Inscription et infos auprès d’Aurélie Kehrli par e-mail:
U11@cossonaybasket.ch ou
au 078 719 17 75!