LES CULLAYES – APRÈS LE FESTIVAL DES GRANGES À LA CHAUX L’ÉTÉ PASSÉ, MORGANE ET JEAN-DAVID VEULENT REPRENDRE LEUR TOUR DU MONDE AVEC LEUR BÉBÉ

Lors du Festival des Granges 2020 à La Chaux, Morgane et Jean-David L’Hoste-Lenherr, initiateurs du Théâtre Circulaire, avaient présenté à six reprises, «Roulé Boulé, a show crossing the world on two wheels» (un spectacle qui se déplace sur deux roues à travers le monde).

Grands fans de vélo, ils avaient rallié Lausanne à Katmandu en 2014, décidant de se marier en arrivant au Népal et se promettant, qu’à l’arrivée de leur premier enfant, ils repartiraient.

Comme la petite Mirabelle a vu le jour le 9 mars 2020, il ne leur restait plus qu’à mettre à exécution leur projet! «Après La Chaux, on a encore joué à Crassier, puis on a mis le cap sur l’Italie. Nous avons aussi donné «Roulé Boulé» à Novare et dans une fête de village. En Toscane, on a emprunté des petits chemins en dehors des grands axes, ce qui nous a permis de découvrir des paysages incroyables et d’aider à la récolte des olives.»

Comme pris dans un étau

En Italie, par rapport au Covid, les régions portent différentes couleurs en fonction du nombre de cas et de la disponibilité des hôpitaux à recevoir des patients. «Orange ou rouge, plus de possibilité d’entrer ou de sortir! Il fallait que nous restions dans une zone jaune, ce que nous avons pu réaliser jusqu’à Rome. On s’est même retrouvés sur la Place Saint-Pierre ou à la Chapelle Sixtine quasiment les seuls touristes.»

Le trio a donc joué un peu au jeu du chat et de la souris et s’en est sorti du mieux possible, mais il s’est senti pris dans un étau qui se resserrait de plus en plus. L’option de se rendre en Sicile par bateau s’est annulée la veille de l’embarquement, les plans ont changé et sont devenus incertains de jour en jour, «entrainant une charge mentale que nous n’avions encore jamais ressentie pareillement lors de nos anciens voyages.»

Les vélos à l’abri

Morgane et Jean-David ont néanmoins décidé de poursuivre par leurs propres moyens jusqu’à Naples, où ils se sont retrouvés coincés. «Alors on a mis nos vélos à l’abri chez une dame qui nous avait hébergés pendant une semaine et, mi-octobre, on a fait la route inverse avec le train de nuit de 21h40, juste avant qu’un lock down complet ne soit décrété à 22h!» Un retour abrupt donc et une pause dans leur roulotte aux Cullayes durant deux à trois mois (ou plus) avant de repartir direction l’Albanie, la Grèce, la Turquie et l’Asie… si les conditions le permettent.

Mirabelle et le voyage

Avec cette pandémie, la petite famille a eu un peu plus de difficulté à se faire accueillir chez des particuliers. «Nous avons planté la tente dans des endroits superbes, tout en constatant que les nuits devenaient fort fraîches! Mais comme on a suivi en partie la voie Francigena passant par de nombreuses paroisses, on a pu faire halte dans des monastères et des maisons de pèlerins», relèvent-ils, constatant que l’hospitalité est toujours présente, bien que transformée.

Le voyage avec Mirabelle se passe super bien, elle trouve ses marques et son rythme dans la charrette. Elle dort partout, découvre petit à petit les saveurs de l’alimentation solide, se déplace en rampant et s’accroche à tout pour se lever. À son contact, de grands sourires, malgré les masques, naissent chez les personnes de rencontre qui répondent au «ciao» de la main que la petite leur fait. «Nous découvrons ainsi le monde différemment avec ses yeux d’enfant quand elle trempe ses pieds dans la mer, goûte le sable ou rit aux éclats quand le vent nous souffle en pleine figure!» Alors, bien sûr, il y a des jours plus sportifs que d’autres, comme quand la remorque de Mirabelle se remplit d’eau ou qu’elle se retourne à deux reprises, de nuit, lors d’une descente d’une colline à travers champ, les parents ayant «perdu la piste».

« Vous êtes comme des porteurs d’oxygène ! » Morgane et Jean-Daniel ont aussi entrepris une «correspondance» à destination de leur fille. «À différentes étapes, nous retranscrivons ce que l’on a vécu, nous décrivons des faits et des impressions et nous lui offrirons ces lettres quand elle aura une quinzaine d’années», poursuivent-ils, ajoutant que, malgré cette sensation bizarre due au Covid, «les gens rencontrés ont trouvé beau de voir une famille voyager ainsi. Ils nous ont dit qu’on représentait une bulle d’oxygène se déplaçant quand même dans le pays. Et ça faisait naître des sourires entraînant de très beaux retours d’espoir.»

Claude-Alain Monnard

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