Elle résonne fort et clair, la cloche de Chavannes-le-Veyron. Et pour cause, elle a été bichonnée et restaurée par un expert, Daniel Ecoffey, qui lui a redonné un teint de jeune fille.

Installé à Broc, cet artisan s’occupe depuis 43 ans de ces tâches de précision, avec une passion et une patience jamais démenties. Et des temps forts comme le carillon de 24 cloches de l’Expo 1964, dont le clavier avait été installé par son père, ou celui de 36 cloches de l’église Sainte-Croix de Carouge (GE). «Dans ce travail, tout me plaît, dit-il. Faire aller les cloches, retrouver les mécanismes, même m’occuper de l’électronique.»

Une cloche de 400 kilos

Le travail dans le clocher de Chavannes lui a pris des années, en venant parfois plusieurs fois par semaine. «Je n’ose pas vous dire que le temps que cela m’a pris au total», sourit-il, sous le regard entendu de son épouse.

Le 16 octobre, la population a pu écouter ses explications, à l’occasion de l’inauguration. Il en a profité pour dire comment il a restauré la vieille minuterie, automatisé l’horloge, nettoyé la cloche, renforcé les supports avec moult équerres et plaques d’acier. Un travail d’orfèvre pour un bel objet datant de 1844 et coulé par un dénommé Alex Borel, à Couvet (NE), dont le nom figure sur la cloche. Elle pèse 400 kilos, son battant frappe à 11h30 et son marteau toutes les heures. Elle triple de poids au moment de la poussée, à cause du balancement. Précautionneux, Daniel Ecoffey n’a pas touché au son lui-même. «Je n’ai pas meulé. Cela ne se fait pas quand il n’y a qu’une seule cloche. Ce serait l’abimer pour rien et peut-être perdre un demi-ton.»

Le clocher actuel date de 1924, il fut autrefois carré. Peut-être les habitants réunis autour de leur cloche ont-ils saisi ce jour-là à quel point elle fait partie de leur vie, rythmant les petits et grands événements. Un exemple: si elles sonnent plus fort à 11 h 30, c’est qu’elles servent à indiquer aux paysans occupés à travailler aux champs que l’heure du repas arrive. Pascal Zimmermann, le voisin direct, qui a toujours vécu dans la maison située en face de l’église, en a profité pour grimper dans le clocher en empruntant les escaliers escarpés. Il y allait quand il était enfant. Non sans certaine émotion: «Je veux que cette cloche fonctionne encore longtemps. Je n’ai pas de pendule chez moi, c’est grâce à elle que j’ai l’heure…»

Marc David

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