«L’intercommunalité est la clé de voûte de la réussite de ce projet»

Depuis la naissance, en 2011, du projet de complexe scolaire & piscine des Chavannes, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts,… mais cette eau accumulée ne sera pas perdue, car, au début de l’été 2021, elle servira à remplir la piscine intercommunale lorsque celle-ci sera ouverte au public!

Dans cette phrase, à mes yeux, il y a un mot plus essentiel que les autres, c’est le mot «intercommunal »; il est même la clé de voûte de la réussite de ce méga chantier. Rappelons que pour que ce projet devienne une réalité, il a fallu créer une dynamique et fédérer pas moins de 17 communes de la région. En été 2017, celles-ci ont toutes adopté les statuts de la future Association de la piscine intercommunale des Chavannes (ASPIC); en les adoptant, elles ont implicitement accepté le principe de son financement.

Et puis il a fallu aussi que la commune accueillant la réalisation, à savoir Cossonay, donne le premier élan. Cela fut chose faite lors de la séance du Conseil communal du lundi 24 avril 2017. Ce soir-là, l’assemblée s’est massivement prononcée pour octroyer «un droit distinct et permanent de superficie pour la construction d’un complexe scolaire comprenant une piscine couverte sur la parcelle 678 incluse dans le Plan partiel d’affectation (PPA) Campagne des Chavannes».

Et surtout le législatif a validé la mise à disposition gratuite d’un terrain de 7’714 m2 afin de permettre la réalisation de ce beau projet.

Ce fut une étape fondatrice, sans laquelle tout le reste n’aurait jamais pu avoir lieu.

En visitant le chantier l’autre jour (voir notre reportage-photos), une interrogation s’est tout de suite immiscée dans mes pensées: «Pourquoi ça a marché à Saint-Prex, à Cossonay et pas à Morges?» Ne connaissant pas ce dernier dossier en détail, je me garderais de répondre à la question. Mais cela ne m’empêche pas de voir les prix en bas de la facture et de comparer les coûts globaux de ces trois bassins couverts de 25 m: 10,6 millions pour Saint-Prex, 12,2 millions pour Cossonay et… 65 millions pour Morges.

D’accord, ce sont trois projets différents et il est malhonnête de résumer le projet de centre aquatique morgien à un seul bassin de 25 m. Quoi qu’il en soit, pour le commun des mortels, la comparaison s’accommode mal de justifications. On en revient toujours au chiffre au bas de la facture. Et là, il y a manifestement un projet surdimensionné qui, par conséquent, ne correspond pas à l’attente de la population. D’ailleurs celle-ci l’a fait savoir en signant le référendum lancé en début d’année (2455 signatures, c’est énorme). Les autorités devront avoir l’humilité et le devoir absolu d’en tenir compte.

L’autre difficulté, c’est que le mot «intercommunal» ne parait pas avoir la même vigueur dans le projet morgien que dans le projet des Chavannes. À mes yeux, Morges a peut-être pris trop de place dans cet attelage de 34 communes. Or, l’intercommunalité n’est pas qu’une affaire de sous; il y
a surtout la prise en compte d’un projet commun et la mise en place d’une dynamique commune pour le réaliser.

Mais trêve de palabres, voilà un mois, la Municipalité de Morges a annoncé qu’elle mettait le centre aquatique en stand-by afin, dit-elle, «d’améliorer le projet et son mode de financement.» Une judicieuse décision, d’autant plus que c’était la seule qui pouvait donner sa chance au Plan partiel d’affectation (PPA) du Parc des Sports d’être accepté lors du référendum populaire du 27 septembre.

Il appartient désormais aux Morgiennes et aux Morgiens de se prononcer… sur le mot «intercommunalité ». Avec en point de mire cette seule et unique question: le Parc des Sports n’est-il qu’une affaire Morgio-Morgienne ou bien l’affaire de toute une région? Poser la question, c’est y répondre.

Morges n’est pas qu’une commune, elle est aussi le chef-lieu d’un district. En acceptant le PPA du Parc des Sports, la population de la Coquette lancera un message clair à la région, elle donnera ce premier élan, cette étape fondatrice, sans laquelle tout le reste ne pourra jamais avoir lieu. Une chose est sûre: pour que le complexe des Chavannes ait la moindre chance de devenir une réalité, il était indispensable que Cossonay possédât un Plan partiel d’affectation (PPA) permettant la planification de projets sur cette zone…

Pascal Pellegrino, rédacteur en chef
ppellegrino@journalcossonay.ch

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