Ils offrent aux handicapés les joies de la glisse

Nadia Exquis s’avance péniblement en gare de Bretaye. La Genevoise de 28 ans s’appuie sur son déambulateur tout sourire sous l’oeil des enchanteresses Préalpes vaudoises. Dans un quart d’heure, ce médecin de profession filera sur les pistes de Villars-sur-Ollon à plus de 30km/h.

En cette matinée de mars, la neige et le soleil sont au rendez-vous. Le coronavirus n’a pas encore obligé les stations à fermer, il le fera le surlendemain. En attendant, Handiconcept continue à propager le bonheur de la glisse chez les personnes qu’on imaginerait le moins y avoir accès. L’association célèbre ses deux décennies d’existence. Son concept? «Partager avec le plus de personnes handicapées possible le plaisir du ski tout en leur offrant un maximum d’autonomie», résume Claude-Alain Hofer, co-fondateur de la structure. Ce Jurassien de 53 ans a ça dans le sang et dans le coeur. Son regard respire la bonté alors qu’il aide Nadia à s’installer dans le Cartski permettant de laisser son handicap derrière elle, le temps de quelques descentes.

Renouer avec une mobilité

«Je n’aurai jamais pensé skier un jour. Ce sont des sensations incroyables. Il y a la vitesse bien sûr mais surtout cette joie de renouer avec une mobilité en plein air et de me rendre dans des endroits en temps normal inaccessibles pour moi», explique-t-elle. Il en coûtera 80 francs de l’heure à la jeune femme, infirme moteur cérébrale de naissance mais que ses parents ont élevée dans la recherche de l’autonomie.

Le Cartski pèse 28 kg et coûte 11’000 francs. Il lui permet de tourner par elle-même grâce à ses bâtons lesquels sont reliés à ses skis. Une corde relie la taille de Claude-Alain Hofer à la machine. Cela lui permet d’éviter que sa cliente ne prenne trop de vitesse ou perde la maitrise de sa machine. Au passage, les quadriceps du quinquagénaire sont mis à rude épreuve… Et surtout, la solidarité et le partage, dont on a tant besoin ces jours, y gagne!

Laurent Grabet
www.handiconcept.ch

EN 3 MOTS

Précurseurs
Avant Handiconcept, seul Raymond Schnebli, ingénieur domicilié de l’autre côté de la Vallée du Rhône à Torgon (VS), avait imaginé et conçu dès 1983 des engins permettant de skier malgré des handicaps physiques.

«Handi-friendly»
À Villars, les perchmen jouent le jeu en ralentissant la vitesse de leur remontée mécanique et en aidant les handiskieurs à s’y installer. La station a vite compris que ces clients étaient pour elle un atout. Une bonne partie des hôtels, des WC et des restos d’altitude du plateau sont accessibles aux handicapés.

Murith aussi
En juillet 2018, l’ancien espoir suisse du skicross Bastien Murith se blessait gravement lors d’un plongeon dans un lac qui le laissait tétraplégique. Mais dès le mois de décembre suivant, le Fribourgeois de 24 ans remontait sur des skis par l’entremise d’Handiconcept… Il n’a plus arrêté depuis.

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