Un équipage féminin de notre région avait prévu de disputer six rallyes cette année. Comme tout le monde, il a vu ses plans sévèrement chamboulés par le coronavirus.
C’est en rallye qu’Alexianne Dubois, qui a longtemps habité Cossonay, et Jacqueline Favez, native de Lausanne, se sont rencontrées. Au départ, la première faisait partie de l’équipe d’assistance logistique et mécanique de la seconde. Laquelle avait mis un frein à son activité de pilote en courses de côte et en slaloms pour copiloter son compagnon en rallye. Mais l’envie de reprendre le volant était bien là. Et de son côté, Alexianne était tentée par l’expérience de copilote. Alors elles se sont lancées.
Quatre parcours inconnus
Depuis leur premier rallye ensemble, en juillet 2016, Alexianne et Jacqueline ont fait un bon bout de chemin. Mais les cinq épreuves disputées l’an passé les ont laissées sur leur faim: par deux fois, leur petite Peugeot 106 leur a fait le coup de la panne et elles ont dû abandonner. Alors, cette année, l’équipage féminin en voulait plus. En concertation avec leurs proches, qui assurent la mécanique durant et entre les courses, le duo avait établi un calendrier «costaud »: elles avaient prévu six grands rallyes en France, dont quatre qui leur étaient totalement inconnus, ce qui corse encore les choses. Entre début mai et fin octobre, les épreuves étaient parfaitement réparties, assez proches pour ne pas perdre la main entre chaque compétition et assez espacées pour ne pas s’épuiser, les week-ends de course n’étant pas des plus reposants.
Gonflées à bloc
Les mécanos avaient réalisé un gros travail en début d’année pour remédier aux soucis mécaniques qui avaient terni l’année 2019 et réviser tout ce qui devait l’être. De leur côté, Alexianne et Jacqueline avaient aussi lancé diverses opérations qui devaient les aider un peu à financer leurs rallyes. Un match aux cartes aurait par exemple dû avoir lieu le 19 avril à Cossonay. Elles étaient prêtes, ultra-motivées. Mais, comme tout le monde, elles ont vu leur quotidien chamboulé par le coronavirus. «Nous pensions disputer une saison de rêve. Et là, nous rêvons juste d’avoir une saison, ou au moins un petit bout», commente Jacqueline.
Toujours philosophe, Alexianne ajoute: «Nous devons tous y mettre du nôtre pour voir le bout de cette crise, c’est ça l’essentiel. Et puis, nous commençons à avoir l’habitude de changer nos plans: entre 2018 et 2019, trois des rallyes prévus ont été annulés pour cause de pic de pollution ou de manque de participants. Donc, si nous pouvons rouler en seconde partie d’année, nous serons déjà très heureuses.»
Pourquoi en France?
Disputer des rallyes de l’autre côté de la frontière est surtout une question de moyens: avec leur petit budget, Alexianne et Jacqueline peuvent prévoir plus d’épreuves que si elles roulaient en Suisse. D’autre part, même si c’est plus loin, les compétitions en France sont souvent moins voraces en jours de congé. «Mais il y a aussi l’idée de ne pas faire comme tout le monde, d’aller découvrir d’autres choses, de ne pas tomber dans une certaine routine», reconnaît Alexianne.
Pascal Pellegrino