Les seconds tours du championnat de 2e ligue inter, de 2e ligue et de 3e ligue devaient s’ouvrir ce mois. Il n’en fut rien. La faute à un outsider qu’aucune des cinq meilleures équipes de notre région n’attendaient: le COVID-19.
Coronavirus: 3 – Football vaudois: 0. Tel est le score du match au sommet opposant tout le foot régional au redoutable virus. Et il reste une poignée de minutes à jouer… La métaphore vaut ce qu’elle vaut mais illustre tout de même bien que le «football des talus» risque fort de sortir perdant de cette gigantesque crise sanitaire.
Sébastien Anger, président du FC Venoge, n’y croit plus: «Sauf incroyable retournement de situation ou vaccin miracle et étant donné que les actuelles restrictions tiendront au minimum jusqu’au 30 avril prochain, je vois mal comment il serait possible de boucler un second tour en moins d’un mois avec des joueurs qui ne se seront plus entrainés depuis un mois et demi! Sans compter que des clubs comme le nôtre, ont encore des matches en retard, vestiges du premier tour, à rattraper…»
Un match tous les deux jours ?
La solution consistant à continuer malgré tout si le virus venait à le permettre est encore à l’étude par la Ligue Amateur (lire encadré ci-dessous). Mais sans doute n’est ce que pour la forme. Elle impliquerait en effet pour les clubs concernés de disputer un match… tous les trois, voire tous les deux jours! Impensable. «Sur le plan physique et organisationnel, ce serait quasi impossible, même en prolongeant la saison jusqu’à fin juin», confirme avec réalisme de son côté David Geijo, responsable technique du FC La Sarraz- Eclépens.
Le plus logique et le plus juste serait d’annuler la saison et de prendre les même et de recommencer à zéro en août 2020, quitte à faire grincer les dents des clubs qui se voyait déjà promus en ligue supérieure. Encore faudrait-il pour cela que le coronavirus ait été renvoyé aux vestiaires par un carton rouge des scientifiques et des médecins. Or à l’heure actuelle, nul ne peut affirmer avec certitude que ce sera le cas et encore moins quand.
Déception et acceptation
Du côté des clubs, la déception et l’acceptation dominent donc. Ce ne fut pas le cas d’emblée alors même que les ligues professionnelles avaient déjà été contraintes de capituler devant le virus. «Deux fois onze gaillards qui courent après un ballon avec quatorze spectateurs pour les encourager, on ne voyait pas vraiment le problème, se souvient Sébastien Anger, mais on a vite pris la mesure des événements par la suite tout en étant conscients aussi que le football est un épiphénomène au milieu de ce tsunami aux conséquences humaines et économiques dévastatrices.»
Président testé positif
«Notre équipe charrie en moyenne 100 à 150 personnes autour du terrain par match. Avec le recul, on se dit même maintenant que la préparation aurait peut-être dû être stoppée avant», explique David Geijo. L’association cantonale vaudoise de football (ACVF), elle-même, a été prise de cours. Le 7 mars, elle tenait ainsi sa traditionnelle assemblée générale, presque comme si de rien n’était, devant 550 personnes en présence d’un certain Dominique Blanc, président de l’Association Suisse de Football (ASF), alors déjà contaminé par le virus sans le savoir…
Dîners de soutien repoussés
Pour les clubs, qui pour certains comptent des malades, les conséquences financières de cette crise seront importantes. Tous devront faire une croix sur les non négligeables rentrées buvette. De nombreux dîners de soutien ont déjà dû être repoussés à l’instar de celui du FC La Sarraz-Eclépens qui charrie habituellement 600 personnes. Or, ces manifestations constituent une rentrée financière majeure pour les clubs. «Notre repas de soutien constitue un gros quart des 130’000 francs de notre budget mais il a heureusement eu lieu le 13 février avant tout ça », se félicite Sébastien Anger. Lequel devra en revanche peut-être se se résoudre à annuler le «Foothon» et la «Journée du club», ce qui représenterait alors un manque à gagner de 10’000 à 20’000 fr. Le trentenaire ne compte pas trop sur les aides dans le sport annoncées par la Confédération pour amortir le choc. Mais c’est surtout sportivement qu’il accuse le coup.
Les joueurs tournent en rond
«Ces prochains mois s’annoncent très long pour les passionnés de foot, conclut-il. C’est une situation si étrange. Les gars qui s’entrainaient trois ou quatre fois par semaine avec un match à la clé tournent un peu en rond. Ils attendent juste de savoir quand rechausser les crampons et pour l’instant, on a comme l’impression d’être au chômage!»
Laurent Grabet
DU CÔTÉ DE LA LIGUE AMATEUR
«Malgré les temps difficiles, on reste positif à l’idée de retourner sur les terrains de football dès que possible.» Voici ce qu’écrivait vendredi passé, la Ligue Amateur (de laquelle dépend l’Association cantonale vaudoise de football) dans un communiqué, enjoignant ses «chers amis du football» à rester optimistes. Plus loin dans son message, l’association faîtière s’interrogeait: «Pourrons-nous encore jouer au football cette saison? Et si oui, comment? Ou devrons-nous faire face au fait que la saison 2019 / 2020 sera annulée ou supprimée et quelles seraient alors les conséquences?» Consciente que les quelque 1400 clubs amateurs du pays subiront des «pertes financières d’un montant encore inconnu», la Ligue se dit aussi soucieuse de présenter le plus vite possible des solutions pour nos championnats et notre Coupe. Des variantes sont en discussion depuis plusieurs jours déjà. Les scénarios possibles devraient être rendu publics en avril. Celui qui sera retenu au final risque fort de se caler sur celui qu’aura décidé au préalable l’Association suisse de football.