Qui n’a jamais entendu parler du Petit Prince? Depuis 77 ans, le texte poétique d’Antoine de Saint-Exupéry marque les lecteurs, de 7 à… 77 ans! En 2016, Lunidea (association artistique basée à Lausanne, dont le but est de produire des spectacles multimédias) a décidé d’adapter ce conte philosophique à la scène. Intitulée «Les secrets du Petit Prince», cette adaptation a déjà rencontré beaucoup de succès en Suisse romande.
Deux fois « complet »
Habituellement en coproduction avec la Mehunin Academy, cette compagnie artistique a exceptionnellement travaillé avec l’École de Musique de Cossonay lors de deux représentations à guichets fermés au Théâtre du Pré-aux-Moines dimanche passé.
Conté par Jean-Marc Richard et mis en scène par Victoria Giorgini , le spectacle trouve son originalité grâce à Cédric Cassimo et son animation de sable. Cette technique cinématographique utilise les propriétés plastiques du sable afin de réaliser des images en mouvement. En version live, l’artiste dispose une couche de sable sur une table lumineuse, puis il y dessine son histoire éphémère et évolutive, filmée par une caméra en plongée, et transmise sur grand écran pour les spectateurs.
Vient alors la musique pour magnifier le tout. Et là, il faut féliciter la quinzaine de jeunes musiciens de l’EMC qui ont réalisé une performance à la fois remarquable et envoûtante.
Grande qualité d’écoute
Sous la direction des enseignants de musique Marie-Luce Raposo Challet et Jérémie Stricker, les membres des ateliers Harp’ensemble et Pop-Rock Band II ont donc collaboré activement à leur premier spectacle professionnel d’envergure. Les harpistes étaient accompagnés du violoncelliste Vassili Cruchet, également de l’EMC et de Maureen Raposo à la flûte, qui retrouvait pour l’occasion l’école de musique dans laquelle elle a débuté son parcours.
La première chose qui marque les esprits est sans aucun doute cette qualité de collaboration entre les divers artistes sur scène. Ensuite, on a beaucoup apprécié le cocktail musical où se mêlaient deux mondes souvent distincts: le classique et le pop-rock; un cocktail sans précédent à l’école de musique.
« Une réussite totale »
Pour réaliser cette collaboration inattendue, il a fallu arranger le répertoire sélectionné librement par les organisateurs. C’est Jérémie Stricker qui a fait les liaisons entre le classique et le pop-rock, mariant avec succès les sons de la batterie et des guitares électriques avec ceux des harpes.
Sur le morceau «Obliviate» tiré d’Harry Potter, les élèves ont même arrangé l’introduction au morceau afin de l’adapter à l’émouvante narration de Jean-Marc Richard. Pour Marie-Luce Raposo Challet, c’est une réussite totale: de l’ambiance de travail à la réalisation, autant sur le plan de la performance que de la musique. «Le projet pédagogique de collaboration a été un vrai un succès!», confiait à l’issue des représentations cette enseignante pour le moins fière de ses élèves.
Performance de Camille
Parmi toutes les émouvantes performances, ressort celle – impressionnante – de Camille Hürlimann. Âgée de neuf ans, elle incarne la Rose dans la pièce, ainsi qu’à la harpe et au chant. Il se dégageait un naturel et une aisance remarquables pour une enfant de son âge.
Enfin, un grand bravo au jeune Sébastien qui a incarné avec brio le rôle-titre. Son jeu intuitif a charmé l’assistance.
À l’issue de chacune des représentations, ayant apprécié cette redécouverte du texte poétique à portée intergénérationnelle, le public, gagné par l’émotion, a produit un tonnerre d’applaudissements mérités pour l’ensemble des artistes.
Et Jean-Marc Richard, enchanté, de conclure: «Sur les 35 représentations à ce jour, le spectacle de Cossonay est sans nul doute la formule la plus émouvante et la plus réussie qu’on ait vécue. Les jeunes de l’Ecole de musique ont ému et scotché tout le monde!»
Oscar Jordan