Un non franc et massif. C’est la fin apportée hier soir par le Conseil communal de Cossonay au préavis relatif au soutien de la Commune à la création de deux salles de cinéma sur la parcelle no 410 de Cossonay (Route de Morges), propriété de la Caisse de pensions de l’Etat de Vaud (CPEV).

Si personne n’a été surpris du rejet de ce projet, en revanche on reste perplexe face au nombre de conseiller(e)s qui ont inscrit un NON sur leur bulletin secret. En effet, sur les 51 membres présents, seuls cinq d’entre eux ont accepté le préavis. Les 46 autres (soit plus de 90% de l’assemblée délibérante) l’ont balayé.

Comment en est-on arrivé à ce qui s’apparente à un camouflet pour la Municipalité? S’il fallait répondre avec un seul mot, on pencherait pour celui de «précipitation». L’exécutif a visiblement péché par excès de confiance en devant présenter un projet sur les chapeaux de roues.

Manque de temps

Evoqué pour la première fois par le municipal Claude Moinat lors de la séance du 24 juin 2019, le préavis a été déposé le 28 octobre pour une décision à rendre… quarante-deux jours après, le 9 décembre. Au final, la Commission nécessitant davantage de temps, il fut décidé d’agender une séance supplémentaire le lundi 13 janvier 2020 (soit trois semaines seulement avant le début des travaux d’un éventuel nouveau cinéma).

Un autre point qui a froissé certain(e)s conseiller(e)s: la mise à l’enquête s’est déroulée en parallèle de l’étude de la Commission, donnant l’impression que la Municipalité passait outre le travail parlementaire.

Du côté de l’exécutif, on préfère parler «d’opportunité». «Je reconnais que nous avons manqué de temps pour préparer ce projet, confiait le syndic Georges Rime à l’issue du vote. Mais nous pensions que nous tenions là une formidable occasion de créer deux salles, ce qui est vital pour un cinéma comme celui de Cossonay. Si nous avions refusé de saisir cette opportunité , on nous l’aurait reproché.»

Contexte politique tendu

Dans son rapport final, la Commission a été unanime pour refuser le préavis. Ses motifs? D’abord, le manque de temps pour étudier sereinement le dossier; puis un nombre trop important d’incertitudes concernant le financement et enfin le manque de solutions alternatives sur un sujet pour le moins sensible, touchant à un bâtiment emblématique à Cossonay: comme s’il n’y avait aucune autre issue à envisager qu’un déménagement pur et simple. «Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage», a-t-on notamment entendu lors des débats…

Pour finir, il paraît évident que le contexte politique de ces derniers mois s’est tendu dans le bourg. La preuve? Lors des trois dernières séances du Conseil, on a voté à bulletin secret. Ce fut le cas le 28 octobre pour le taux d’imposition (qui fut abaissé contre la recommandation de la Municipalité); puis le 9 décembre pour le budget qui ne fut accepté que par 58% de l’assemblée (à cinq voix d’un rejet) et enfin lundi passé avec ce non massif au projet de nouveau cinéma.

On ajoutera à cela l’irritation qu’on a perçue chez une partie des élus qui se sont sentis mis devant le fait accompli le 21 novembre dernier suite à l’annonce de la venue du Venoge Festival à Cossonay en 2021, alors que bon nombre de questions (concernant principalement le bruit, les infrastructures et le trafic) restent pour le moment sans réponse.

Plein soutien au cinéma

Dans ce contexte, il s’agit dès lors de redynamiser la confiance entre l’exécutif et l’assemblée délibérante. Cela passera sans doute d’abord par les réponses de la Municipalité le 10 février prochain aux nombreuses questions concernant l’arrivée du Venoge Festival à Cossonay. Puis cela passera aussi par la réponse à l’interpellation de CossEntente, émise lundi par son vice-président Jean-Claude Challet: «Suite au large refus de ce soir et afin de bien clarifier la situation pour la population: nous affirmons notre plein soutien au cinéma de Cossonay et à son équipe. À ce titre, nous demandons à la Municipalité de soutenir tout projet pour assurer la pérennité de la salle de cinéma actuelle.»

Il est vrai qu’avec ce nouveau cinéma qui ne se fera pas, il faut tout reprendre à zéro. Or, les activités qui se déroulent dans la salle actuelle sont mises en péril en raison notamment de la vétusté du bâtiment, lequel est plus que centenaire. De son côté le Conseil d’administration a fait le constat que la seule issue pour assurer la viabilité du cinéma est la création de deux salles de projection, et également, de disposer d’une pièce d’accueil suffisamment vaste pour répondre à la demande grandissante de manifestations privées.

Dès lors, il s’agit de réfléchir à une autre solution pour le «cinoche de Coss». Pour paraphraser Nougaro, on imagine que le Conseil et la Muni n’ont pas fini de cogiter sur l’écran noir de leurs nuits blanches…

Pascal Pellegrino

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